DIX-
NEUVIEME
SIECLE.
Cette meme annee 1816, un capitaine frangais de la Conyvagnie
Pujol ( compagnie qui obtint le privilege conteste a Jouflroy dUXb-
bans) accomplissait depuis Londres, sur Plillisafe, la premiöre traver-
see de la lllanehe, et abordait au Havre, a la stupeur des pilotes
et des marins du port. Le dit capitaine a laisse un recit curieux des
sentiments que les populations des rives de la Seine, lorsqifil re-
monta le fleuve par une nuit noire, manifestaient a Pegard de son
u Elisee n. Les villageois, n dit-il, u se rassemblaient, appeles par le
bruit des roues et effrayes a 1a vue des etineelles et des jets de
flamme qui s'echappaient du bateau. Cette espece de torche sillon-
nant avec rapidite le cours du fleuve attirait de loin tous les regards
et semait Pepouvante sur son parcours. Les cris sinistres zAufbuf
Au feu! le tocsin et les aboiernents des chiens ne cesserent, jusqu'au
point du jour, de poursuivre la fantastique apparition. n Est-ce
parce qu'elle vint plutöt, mais 1a vapeur sur l'eau semble avoir
bien plus eHraye les paysans que la vapeur sur terre. Paris, il est
vrai, fit au (c premier traverseur de la Manche n, comme Pappelaient
avec des eloges emphatiques les journaux, un accileil enthousiaste,
et ce fut au milieu (Vapplaudissements universels que FEZzÄQäe vint
mouiller sous les fenetres des Tuileries. a Depuis que Louis nous
a rendu la paix et le bonheurf, n disait le Petit Courrier Royalistc,
(z la science ne cesse de progresser. Chaque jour voit survenir, ac-
elamee par le souverain, quelque nouvelle invention. n Et la dite
feuille ajoutait : (c On doit construire un bateail specialpour le 110i qui
est tres sensible a toutes ces marques de Sympathie. n Douce {latterie
dont 0n etait alors facilement prodigue.
Quelques annees plus tard, des bateaux, dont le premier en date
fut le Courrier de Calczis, allaient faire regulierement la traversee
de la Manche, mais, deja sous la Restauration, detait entre la France
et llAngleterre un mouvement considerable. Quant au debarquement
il devait etre assez pittoresque, si 1,011 en juge par le recit suivant
que jlemprunte a une publication franco-anglaise, Coszzenze carac-
täristique de France(Londres, 1819). u Le vaisseau, empeche parles
vents contraires d'entrer dans le Havre, avantla Inareebasse, plu-