DIX-
bNEUVlElNlE
SIECLE.
diners dans 1a vie moderne, a la multiplieation des repas de corps,
ä Porganisation des grands banquets dans un but de propagande
politique. Affaires (Pinteret particulier, affaires de commerce, af-
faires d'Etat, touf ne se decide-t-il pas a table? Ce qu'on appelait ,
des 1825, Paccord de 1a gourmandise et du Systeme representatif, la
politique a llusage des ministres basee sur 1a fumee des rots et su-r
1e feu des bons vins. a On parle des travaux legislatifs, n dit le re-
dacteur de l'Almanach Gourmand, (r le ministre fait jeter adroite-
ment dans 1a discussion les mesures qu'il desire; on les discute entre
deux vius, on les elabore avee le bordeaux, et 1a motiou passe d'en-
thousiasme avee le champagne. Certes, il faudrait etre aveugle pour
ne pas reconnaitre le poids immense que le cuisinier et le marchand
de vin du ministere ont mis dans 1a balance legislative. En temps
de crise, en temps dlälection, c'est bien autre chose : (c Alors, 1a
gourmandise descend du sommet de 1a societe jusque dans ses plus
basses regions; toute la France, en travail gastronomiqile, semble
se partager en deux classes, les cuisiniers et les convives; et son
torritoire Ifoffre plus que deux divisions, les cuisines et les salles a
manger. Le plus mince debitant est admis a 1a table du plus opu-
lent banquier; le garde champetre, le simple fermier dineilt au cha-
teau. Commerce touchant qui fait, en un elin dloeil, participer toute 1a
France aux bienfaits de Part culinaire, et realise plus que le coeur de
Henri IV n'avait congu.
a Tout est, fut, ou doit etre gourmand dans un Etat eonstitutionnel.
(Test le seul moyen de faire son chemin, ä quelque but que l'on aspire.
Courtisez-Vous 1a gloire militaire ? donnez ä diner aux commis des bu-
reaux de la guerre. Aspirez-vous ä Pillustration litteraire? afIiliez-
vous ä quelqifun de ces clubs si communs ä Paris : votire merite, tant
mince qu'il puisse etre, deviendra pjyramidal.
Ainsi donc, d'une Part, les banquets ofliciels, politiques- tours de
force culinaires commeneant avec le banquet fraternel de quinze
mille couverts offert , au Champ de Mars, le 2 avril 1815, per 1a garde
imperiale ä 1a garde nationale pour feter le retour de PEmpereur, avcc
ses immenses rangees de tables, en plein air, avec ses musiques cou-