DIX-
NEUVIEME
SIECLE.
cependant tout le monde existe, affirme sentencieusement Le Pro-
vincial d Paris, qui va nous donner quelques chiflres interes-
sants pour 1a consommation, sous 1a Restauration. (c En 1819, il
s'est vendu pour 3,'l63,520 francs de maree, pour plus dlun million
et demi de fromages secs, pour plus de trois millions (Poeufs soi-
disant frais, et pour environ sept millions de francs de livres de
beurre. O vous , femmes sensibles, quels cris epouvantables nejetterez-
vous pas en apprenant qu'on sacrifie ä Comus, dans les cuisines de 1a
capitale, un peu plus de sept Inillions de tendres poulets, de pau-
vres dindons, d'insoueiants canards. Soixante-dix mille veaux seu-
lement ont perdu 1a vie dans le courant de 1a meme annee. Mais,
le croira-t-on, a peu pres huit mille vaches, dont on deguise avec
soin le sexe, et qu'on recompense par la mort des Services qu'elles
ont rendus a nos laitieres, ont rougi de leur sang innocent le
pave des abattoirs pour etre vendues ensuite a 1a halle comme de
bel et bon boeuf! n Que dirait notre provincial, aujourd'hui que les
rnillions de francs et les millions de denrees se sont transformes en
centaines
millions!
Pour
les vaches,
1866,
chiffre de
8,000
etait dejä bien depasse. (z Un fait curieux, n lit-on dans Parzk-Guirle,
(c clest q1fä1 Paris personne ne vend et personne n'ache1;e de viande
de vache, et cependant, Qon en consornme un peu plus de 46,000
dans une annee. a) Un peu plus de 150,000, faudra-t-il ecrire en 11892.
Jadis, le commerce de la a gueule n , ä Paris et dans les villes de
province, se trouvait circonscrit aux alentours des Helles : lä se
pressaient beurriers, fruitiers, epiciers, marchands de conserves et
de salaisons , marchands de volailles et de gibiers. Aujouldhui, de-
centralisation complete; apres avoir pris possession du Palais-Royal
et de ses alentours, les specialites gourmandes etalent leurs ri-
chesses ä tous les coins, donnant ä chaque quartier ses marchands
de cornestibles. Jadis, boutiques ouvertes, oü gibiers et primeurs ap-
pendus au dehors, forrnant garniture, remplagaient les decorations
architecturales; aujourd'hui, exposition de produits exotiques ran-
ges en ordre derriere des glaces immenses, ä moins que leurs eta-
lages fait assez frequent ne viennent deborder sur les trottoirs,