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DIX-
-NEUVIEME
SIECLE.
du second Enzpirc, le comte de Maugny a enregistre les rejouissantes
meprises de ces fetes pleines (Fattrait. a Tous les hommes de petite
taille, aux epaules carrees, a 1a tete legerement inclinee sur Pepaule,
avec un balancement dans la (lemarche, ou ceux qui laissaient passer
sous le loup, les deux extremites d'une moustaehe ciree, etaient
invariablement pris pour le souverain, qui, lui, sfevertuait a donner le
change. Gracea ces confusions, les aventures pleuvaieilt sur les
etres les plus insigniiiants, et rien lfetait plaisant, apres un bal
costume, con1n1e d'entendre le recit d'un des dominos qui avaient
beneiicie des avances destinees a l'Empereur. 1)
1868 devait etre le point culminant de ces divertissenients :
ce fut, en efYet, Tannee de la fameuse soiree du ministere de la
Marine oü parurent les m Cinq parties du monde v) representees
par cinq fenimes remarqilablement helles; ce fut egalement le
mornent oü le grand n1011de se prit, a son tour, pour les bals
costtimes, dann engouenlent qui dure toujours, qui chaque annee
reinplit les salons de travestissements amusants et de restitutions
curieuses.
Cette multiplicite de fetes, fetes intimes ou fetes oflicielles, ces
dernieres lfayant rien perdu de lleclat des grandes receptions n10-
narchiqmies, cette expansion mondaine, cette recherche c0ns-
tante d'une folle gaiete, ne sont pas seulement le fait du luxe actuel,
elles tiennent encore a u11e autre cause, je veux dire a Tapparition
dkälements nouveaux sur 1a scene du n1o11de: les artistes et les
exotiques; les artistes Venus sous la Restauration, les exotiques sur-
venantda la suite du melange des societes et des continents.
Les artistes, qu'il s'agisse des acteurs, des peintres, ou des poetes,
ne vivaient pas, autrefois, avec _le reste de la societe, sur 1e pied
de Tegalite. Heine apres 1800, il y eut toujours entre eux et 1e
monde, certaines dissenlblailces, certaines meflances. a lls ont vu, u)
ecrit Jal dans son interessante Inonographie des Soirehs diartiszes,
(c qu'on ne les comprenait pas, et que dans 1a societe, bien qu'i1s
fussent regus avec favetlr, meme avec distinction, 011 les regardait
curieusement comme des etrangers dont 011 nlentend pas la langue,