DIX-
IEME
-NEUV
SIECLE.
vites des gens en renom, des illustrations, (fest-ä-dire ce qui, autrefois,
etait le fait d'une elite, sera le desir de tout bourgeois enriehi.
A vrai dire, ce besoin de nouveau et d'imprevu, cette recherche
dattractions de toutes sortes 1a veritable caracteristique des salons
actuels doivent etre attrilaues ä 1a disparition de Pancienne a cau-
serie n, aux banalites dälne conversation riche surtout en commerages.
Jadis," 011 ne se fatiguait jamais des saillies de Pesprit; aujourcPhui,
Tesprit le plus ßn, le plus delie, esl; facilement trouve monocorde;
(l'autre part, les causeurs aimables, suivant 1a donnee des genera-
tions nouvelles, ne vivent guere que de phrases et (Pidees toutes
faites. Se reunir pour se voir et pour causer comme on le faisait antre-
fois, devint bien vite, dans ees conditions, un lalaisir depourvu de
tout agrement. De lä les soirees concertantes, de lä Pinvention des
concerts ä bon marche qui commencerent ä affluer aux approches
de 1840, et dont Mm de Girardin ecrivait alors 1a monographie,
encore exacte a Pheure laresente :
a Les seductions de 1a table a t11e,_1a brioche de famille, 1e verre
dbrgeat et 1a demi-glace 11e suffisent plus : 011 a tant de rivaux! Que
faire pour attirer 1a foule? Imiter les salons du grand monde : donner
1111 concert; mais u11 vrai concert est hors de prix; njimporte; il faut
de 1a musique, c'est 1a n1ode. O11 se decide donc a avoir de 1a
musique, mais 011 se decide en meme temps a 11e faire aueuns frais
pour en obtenir. La dilficulte parait grande. Voici 1e moyen de
la resoudre victorieusement. I1 y a entre les grands talents et les
amateurs u11e classe de mediocrites gemissantes qui cherchent 1a
celebrite. O11 leur offre charitablement Poccasion de se faire c011-
naitre, on les choie, 011 leur promet des älcäves, 011 les invilze ä diner,
011 les admet ä gcämir, ä miauler, ä mugir, selon Pinstrument surle-
quel ils excellent; 011 invite toute sa sociätcä ä jouir de leur talent.
a lls chantent, ils jouent, 011 les applaudit, 011 les remercie et 011
11e les paye p0i11t. Ils s'e11 apergoivent, et pour se dädonnnager de
ces triomphes stäriles, ils improvisent un concert ä leur bänäfice, dont
les billets sont distrilauäs aux maitresses de maison qui ont bien voulu
protäger leur talent. Celles-ci rccliätribuelzt, ä leur tour,