DlX-
NEUVIEME
SIECLE.
les autres classes, non par orgueil, mais parce qu'elles 1a genent; elle
ne veut pas leur deplaire et son taet exquis retient en leur luresence l'a-
bandon d'une foule de sujets de conversation. Parler noblesse devant
un roturier est le blesser; rire de telle ou telle caste est un affront pour
celui qui en sort : voila pourquoi le grand monde aime a vivre seul.
I1 ne se soucie, ni de se contraindre pour autrui, ni de lui expliqmler
des usages qui ne peuvent que Petonner; voila (1,011 provient 1a dif-
ficulte pour ceux qui ne naissent pas dans ce grand monde, de s'y
introduire, 011 les repousse autant par urbanite que par desir de ne
pas les avoir : c'est un acte de bonte et (Pegoisme. n
A cette soeiete privilegiee le gouvernement de 1a Restauration
essaya en vain de rendre les privileges d'ancien Regime; droit
(Tainesse, majorats, substitutions, dotation de 1a pairie : rien
ne put retablir 1a muraille de Chine jadis elevee autour de la 110-
blesse. Quand meme, il lui fallut se plier aux eirconstanees, accepter
et meme reehercher certaines alliances. Deja, en 1826, Pauteur du
Petil T ableau de Paris ecrivait : a Un grand seigneur, par sa plaee
et ses titres, tient souvent, par les liens du sang, a des gens d'un
rang bien dilferent au sien. Quand 011 voit l'un, il n'est guere pos-
sible de se dispenser de voir les autres. v) Et ces alliances, devenant
toujours plus frequentes, elargiront le cercle jadis si ferme, jusqulau
jour ou un voyageur anglais, etudiant la soeiete frangaise de 1889,
pourra dire : a Le faubourg Saint-Germain est partout et, de son cöte,
la Ilnance a deteint sur toutes les aristocraties : 011 rencontre des
hommes du monde dans les faubotlrgs, et l'on est etonne du manque
dleducation de certains grands seigneurs. n
Mais ce a grand monde n, vivant a Pecart, ne s'est, a vrai dire,
jamais desinteresse de la chose publique; il a seulement fallu, pour
le faire sortir de sa reserve, certaines circonstances particulieres.
Que 1a France possede une Cour; il apparaitra tout aussitöt, sans
sänquieter autrement du souverain. Sous Napoleon III, comme sous
Napoleon I", nla-t-il pas consenti a preter au bonapartisme Peelat de
ses plus grands noms, alors que, sous Louis-Philippe, au contraire,
il ne cachera peint son antipathie pour le regime existant! Que llin-