DIX-
NEUVIEINIE
SIECLE.
a succede Paristocratie mauufacturiere, ouverte a tous, (c une des
plus dures qui aient paru sur la terre n, suivant 1a qualification de
Tocqueville dans son livre La Dänwcratie.
Au dix-huitienle siecle, pour faire Partie de Pelite, il fallait jouir
des privileges de la noblesse; a les gens du monde n, 1a a societe n
detaient exclusivement ceux qui, soit par la naissance, soit par an-
noblissement personnel, appartenaient a cette aristocratique selec-
tion. Aujourd'hui, le terme subsistant toujours, c'est, non plus les
privilegies de naissance, rnais bien tous ceux qui, suivant un autre
terme a 1a mode, peuvent (r faire figure a), quelle que soit, du reste,
leur origine.
E11 un mot, les privileges particuliers des epoques precedentes
ont pris fin, les classes aux demarcatvions tracees ont disparu connne
les corporations d'arts et rnetiers; divisions sooiales et divisions
commerciales qui ne devaient point survivre au naufrage de 1a mo-
narchie.
1789 ayant brise cette echelle des rangs qui faisait la gloire et
Padmiration de Pancienne societe, le monde se trouve, aujourd'hui,
divise en deux camps, ceux qui possedent et ceux qui 11e possedeut
point. Qui ne peut etre e11 haut, est forcement en bas. Ici, les par-
venus, les heureux, ceux qui, par leur intelligence ou leur savoir-
faire ont trouve le succes; 1a, les malheureux, ceux que 1a Chance
n'a poiut favorises.
En 1789, un noble ruine n'en fait pas moins partie de l'a-
ristocratie; en 1889, il sera perdu dans la foule des anonymes.
E11 1789, il y a bie11 reellement une aristooratie, une bourgeoisie,
un peuple, des classes avec des droits et des privileges; en 1889,
les rnots, hautes elasses, classes moyennes, basses classes, ne sont
plus que des denonlinations purement arbitraires : suivant le
rang quails tiennent, suivant la fortune dont ils sont possesseurs,
les gens passent, sans transition, d'un milieu ä un autre. Tel est du
peuple aujourd'hui, qui, demain, pourra faire partie du a monde D;
tel brille parmi les privilegies qui, demain, sera confondu dans 1a
masse. Et cela se congoit, puisqxle ce qui eonstitue 1a puissance, l'ar-