Dlx-NEUVIEME
SIECLE.
les fetes prirent 1e dessus, et, des lors, malgre les entreprises loin-
taines, malgre les inquietudes de Favenir, plus rien 11'arreta le monde
des Tuileries dans sa eourse folle. Parmi les laersonnages en vue
l'on comptait des honunes elninents, beaueoup soldats et diplomates,
viveurs et librettlistes a la faeon des gentilshommes de lkmcien 11e-
gime. U11 esprit delieat et subtil, un aimable epieurianisme avaient
remplace les moeurs bourgeoises de 1a precedente Cour au point qulon
eüt pu se eroire revenu aux plus beaux jours de la Regence. L'eti-
quette, tres formaliste pour les grandes ceremenies, 11011 seulement
lfexistait pas au meme degre dans le partieulier, mais meme faisait
plaee a un laisser-aller, a un sans-faeon qui ne setaient pas encore
vus; d'0ü deux aspeets bien differenls, suivant le point auquel l'his-
torien se plaeera.
Les reeelations au ehateau, etaient de quatre sortes; gTands bals,
lundis de Tlmperatriee, eoncerts, grands diners. Les bals pre-
sentaient veritablement llaspect grandiose, eblouissant des fetes
du temps passe. Debord dans cette fourmiliere etineelante, pas un
seul habit noir : PEmpePeur avait fait revivre la eulotte courte de
easimir blaue, les bas de soie et les souliers a boueles, eomme i1 avait
retabli le graoieux habillement du XVIIIO sieele pour la venerie. Rien
que des uniformes; habits rouges brodes d'or des ehambellans, e0s-
tume bleu de eiel et argent des offieiers dbrdonnanee, maries aux
brillantes couleurs de 1a garde imperiale. Sur ehaque marehe du
grand esealier deux superbes Cent-Gardes, dignes sueeesseurs des
Cent-Suisses ou des gardes de la Maison du 110i; devant ehaque porte
des salons, deux statues en fer, je veux dire deux autres Cent-Gardes,
immobiles comme les hommes darmes d'une armeria. Les habitues,
les personnes de 1a Cour ne saluaient pas, et se distinguaient ainsi
de la masse des invites.
A cöte de ces grands bals ouverts ä 1a foule banale des fonetion-
naires et autres personnages ofiiciels, les lundis de Flmperatrice
revetaient un earactere laarticulier de selection et däälegance. a Y
ötre prie n, nous dit Ie comte de Maugny dans ses Souvenirs du
second Empire, a etait un signe de faveur, et qui plus est, un brevet