DIX-
NEUVIEME
SIECLE.
tacle nouveau auquel 1a monarchie bourgeoise faisait assister le pays,
non sans susciter Padmiration publique. Ecoutez le Journal des
Däbats du 14 aoüt 1830 : a La duchesse cPOrlöans revient reine de
la Charnbre des deputes dans la voiture qui 1a conduit tous 1es jours
a Neuilly: 1es princesses sont en simple robe blanche; 1es deputes
en habit noir vont diner chez le prince (pfils viennent d'elire, comrne
des bourgeois chez un de leurs arnis. Vous allez au Palais-Boyal
(Louis-Philippe n'avait pas encore pris possession des Tuileries), la
foule est assemblee, le proprietaire de la rnaison se met a son balcon;
il est vetu d'une redingote et il porte un chapeau gris avee lequcl
il salue la foule qui le salue : clest le Roi. Un jeune cavalier arrive,
et se precipite dans 1es bras de ses camarades qui le regoivent et qui
Pembrassent : c'est le prince royal, llheritier de 1a couronne. a)
Interieur de famille, vie de famille, politique de famille, telle fut la
Cour, telle fut la monarchie de Louis-Philippe. Pour elle le passe
lfexiste plus : elle ne portera pas le deuil de Charles X aün de ne
point deplaire a 1a classe bourgeoise, elle renoncera a 1a pompe ex-
terieure, elle repoussera toute concession aux idees du eeremonial
ancien. Mariages, enterrerllents, toutes les ceremonies, publiques ou
privees, se celebreront sans eclat.
Personnellement Louis-Philippe conserva sur le taröne les goüts et
les principes tres particuliers qu'il devait a sa premiere education
(lirigee dans un esprit encyclopedique. Sur toutes choses, il avait
sa maniere de voir et aimait a sbccuper de matieres qui, jusqlfalors,
lfavaient guere preoccupe ses predecesseurs : 1a medecine et 1es ques-
tions philanthropiques Pinteressaient presque aussi vivement que la
laatisse, et l'on sait jusqu'a quel point il poussa l'amour de 1a truelle.
Amour de proprietaire, il faut bien le dire, car, dans ce domaine,
il n'a pas comme les deux Napoleon, congu le plan de vastes travaux
(lestines a transformer 1a capitale, mais, prince ou roi, il slest plu
pendant trente ans a embellir sans cesse son Palais-Royal et son
Chateau de Neuilly, aachever les oeuvres cornmencees avant lui, aor-
ganiser des salles, a installer des musees. Un souverain architecte,
un honnete rentier allant, chaque jour, visiter 1es travaux, s'arre-