JCATU
MODEM
doute moraliser les masses par des sujels a pen-
dants : le Bon Riche et le Mauvais Riche, le Cur-
naval du Riche et le Carnaval du Pauvre, antitheses
vulgaires dont l'art s'accommode medioerement.
Le moraliste voulut elre (loulile d'un artiste fan-
tastique. C'est encore une maladie des etres labo-
rieux : ces travailleurs slimaginent que la fantaisie
s'apprend ou s'inculque par la volonte. Sans doute
quelques caprices furent tires laborieusement d'un
fonds rebelle et meme le public sut. gre a Grandville
de certains essais ingenieux, mais le plus enthou-
siaste de ses amis, M. Glogenson, montre par
un fait jusqu'en peut s'egarer la pensee raison-
nable :
a Un soir il etait au milieu de ses amis : l'un
d'eux jouait de la guitare, une corde vient a se
casser, un son etrange sechappe de l'instrument,-
Grandville semble le chercher du regard dans l'air;
il est emu,- on lui demande ce qu'il a, les pa-
roles lui manquent pour exprimer ce qu'il eprouve,
alors il prend un pinceau, de la sepia, et entre-
prend de peindre ce qu'il ne peut dire. Au bout de
quelques minutes sa pensee est sur le papier...
Une enorme guitare, montee sur des roues comme
un chariot, est trainee par des diables a travers des
hles; une corde est hrisee, et les notes selaneenl
vers le ciel.