DE
ARICATURE
BIODERNE.
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et, dans ses (lernieres annees, les passants siarre-
laient pour regarder ce grand vieillard un peu
voiile, aux longs cheveux blanchis, dont la physio-
nomie ouverte et bienveillante, en meme temps
que pleine de finesse moqueuse, rappelait dans ses
grandes lignes le masque de Voltaire moins la
mievrerie. On le suivait. du regard, cet homme qui,
diune plaisanterie, ebranlait autrefois un troue,
dont le nom avait eelate d'une popularite sans ri-
vale, et qui, pour distraction unique et. jouissance
quotidiennement savouree, venait suivre, mele aux
plus humbles, la canne derriere le dos, les parties
des joueurs de boule des Champs-Elysees.
Je me leve en cette veillee la derniere, helas!
- et je contemple une derniere fois les traits de
notre vieil ami, cette bonne et ehere ügure sur la-
quelle le regard aimait tant a se reposer. Je vois
dans ce masque, ajamais calme enfin au bout d'une
existence si agitee, non pas les affres de la morl,
mais la paix eternelle que lui meritait le repos de
sa conscience apres une vie bien remplie.
S'il y eut jamais une ärne bien lrempee, ce l'ul
assurement CBllB-lä. Cet honnete rieur, plus serieux
que tous ces graves, qui traversa tant devenemenls,
e'est-i1-dire tant de lachetes, de defeetions el, de tra-
hisons, resta jusqu'au souffle supreme inebranlahle
dans sa politique, sans forfanterie comme sans