DE
LA
CARICATURE
MOÜERNE.
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Daumier
obäissait
il
deux
täches :
il est
le seul
caricaturiste qui se soit occupe des vibrations de
Päme remuee par les passions et de celles de l'arbre
remue par les vents. C'est ce qui fait l'admiration
que lui porte le bonhomme Corot, ce Tlteocrite me-
lange de Gessner.
Ainsi s'entendaient et se comprenaient le peintre
heroique des souffrances morales modernes, le sati-
rique puissant, l'artiste qui a tire du paysage fran-
cais des notes inaccoutumees de poctiques brumes,
les trois plus vives personnalites de l'art contempo-
rain, toutes trois mcconnues de la foule pour avoir
franchi des fosses qulil est interdit aux philistins
de traverser, toutes trois recueillant les injures de
reux qui ne pouvaient les suivre.
llaumier fut le seul des trois qui manqua de l'or-
lune; mais il ne manqua pas (Fentltousiastes, et il
s'en apereul, quand, aprcs un long repos, il rentra
au journal dont. il avait fait la fortune. Ce jour-la.
l'ile Saint-Louis fut. on fete, et. ses anciens com-
pagnons (le jeunesse feterent. son retour par un
banquet auquel accoururent ecrivains et artistes,
peintres et. staluaires, poüles el critiques. Tous les
esprits independants etaient la, les camarades des
premiers jours, ceux qui vivent: solitaires au fond
de l'atelier el; ceux qui revenir meditatifs en face de
la nature, ceux qui fuient les salons et ceux qui ne