IIISIOIRE
en une nouvelle peine. Je voudrois- bien que l'envie
qui luiesl venue lui fut passee et qu'il ne gent-fit
pas plus ma peinture que je ne goüte son burlesque.
Je suis navre de la peine qu'il a prise (le m'envoyer
son ouvrage; mais ce qui me fache flavfantage efest,
qu'il me menace diun sien Virgile travesti, et d'une
Epitre quiil m'a destinee dans le premier livre quiil
imprimera. ll pretend me faire rire diaussi bon
coeur qu'il rit lui-meme, tout estropie qu'il est;
mais au contraire, je suis pret a pleurer quand je
pense qulun nouvel Erostrate se trouve dans notre
pays l. v
Erostrate, voila le grand mot. Ce pauvre Scarron,
pour sletre diverti un instant et avoir fait treve a
ses douleurs en se jouant avec les lieros de FEnäifIe,
devientun Erostrate. Ah! clest; qtfils n'y vont pas
de main inerte les gens graves ou lard-tendus graves
quand on touche 51 leurs idoles! Ils vous denon-
cent a llindigixation publique, et s'ils etaient au
pouvoir, comme des inquisiteurs ils feraient brülei-
sans pitie les braves gens qui essayent (llamener le
rire sur les levres de leurs contemporains.
Les hommes voues au grand style ne compren-
nent pas la satire : je l'ai montre pour Aristote et
Goethe. A ces esprits atisteres, auxquels s'ajoute le
4 Home, 12 janvier 1648.
Collection de lettres de Nicolfzs Poussin.