298
HISTOIRE
DE
LA
CARICATURE
ANTIQUE.
une sorte de respect olympien, ils descendent eux-
memes dans Parüne de la satire.
Slil faut en croire un artiste moderne qui avait
sollicite de M. de Lamartine la permission de faire
sa caricature, celui-ci aurait repondti ; (c Qu'en ne
comprenait pas qulil vint a llesprit d'un homme
sainement organise la pensee de defigurer son sem-
blable; que, ce faisant, datait insulter la Divinitä,
Dieu ayant fait Fhomlne a son inzage; que pourtant
le dessinateur pouvait agir a son egard comme
bon lui semblerait. n Sa physionomie, ajoutait le
laoete, appartenait au ruisseau comme au soleil.
Le caricaturiste, qui, d'apres les lois actuelles,
etait oblige de demander au poete la permission
de faire grimacer ses traits, avait peut-etre un me-
diocre talent satirique; mais le poete sletant donne
au public, "le public avait le" droit de faire connai-
tre ses sentiments, et, quoiqulil sättaquat au pacte-
soleil, je donne raison au caricaturiste-raisseau.
Parmi les monuments preeieux de la collection
Campana, on remarque un buste double, dont les
deux tetes accolees sont taillees dans un mal-me bloc
de marbre. Ce sont les masques de Sophocle et d'Ari-
stophane que Pantiquite a reunis ensemble a jamais.
Par la, les anciens ont montre leur admiration
pour le genie grave et le genic satirique.
Honorons nos Sophocle ; gardons-nous de bäillon-
ner nos Aristophane.