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HlsTOIRE
DE
Pendant les trois jours qui suivirent, Kalanta et Doxi ne
cesserent leurs entretiens que pour se livrer au sommeil.
Epergos proHta des occupations mystiques de son compagn0n
pour visiter les environs de cette belle demeure; il constata,
sans en Stre autrement surpris, queles maisons des habitants
appartenant aux castes inferieures etaient loin de repondre
aux magniHcences du palais de son höre. La plupart n76s
taicnt que de mauvaises cabanes faites de bambous et de
terre d6trempee avec des joncs ou du cl1aume. sc Je coms
prends tressbien, ditsil le soir ä Doxi, que les habitants de
cette contree qui occupent les n16chantes demeures visitees
par moi ce matin, s7empressent cllaccepter la loi de Bouds
dl1a et qu7ils puissent aspirer au neant comme a la jin de
leurs miseres; mais jlai peine Ei croire que Kalanta et tous
sceux qui vivent comme lui acceptent longtemps cette loi.
s7ils la suivaient ä la lettre, la premjere chose a faire serait
de distribuer leurs ricl1esses ä tous ces pauvres diables et a
vivre comme eux sur le pied d7egalite.
sc Estsce la ce que tu es parvenu ä persuader ä KalantaP
Si tu. connaissais la doctrine de Bouddha, tu saurais que
les etres passent successivement, et en raison de leurs meris
tes ou de leurs fautes, par des etats plus ou moins voisins
ou eloignes de la science et de la sagesse supräme. Si Kas
lanta peut, en toute securite et a l7abri des soucis, mcEditer sur
le Nirväna, c7est qulil a subi dejä dans d7autres corpS les
sepreuves necessaires pour atteindre le degre humain sur
lequel il se repose et medite jusqula sa mort. S7il ne rems
plit pas toutes les prescriptions de la loi, il peut retomber
dans l7etat miserable ou sont les l1ommes dont tu parles, de
mSme que ceuxsci en cl1ercl1ant la vcsErite, pendant leur
temps d7öpreuve sur la terre, peuvent y revenir dans un Etat
meilleur. Jamais le Bouddha n7a prScl1e l7egalite entre les
hommes, car tous ne sont pas places sur le mSme ecl1elon
de la sagesse et de la science. Mais il a prSche la charitcsE,