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isolement des autres services, leur peu de communications directes avec
les defenses, le voisinage de vastes caves on magasins propres a contenir
des vivres, des armes, etc.
Ces salles basses sont en effet ouvertes sur la cour du chateau, mais
11e communiquent aux defenses que par les dehors ou par des postes,
Uest-a-dire par des escaliers passant dans des tours. Ainsi le seigneur
avait-il moins a craindre la trahison de ces soldats (l'aventure, puisqu'ils
110 pouvaient arriver aux defenses que commandes et sous la surveil-
lance de capitaines ilevoues. A plus forte raison, les occupants de ces
salles basses ne pouvaient-ils penetrer dans le donjon que s'ils y etaient
äppeles. Des la {in du XIIIÜ siecle, ces dispositions sont deja apparentes,
quoique moins bien tracees que [iendant les xivc et xv" siecles. Cela
fexplique. Jusqu'a la lin du X1110 siecle, le regime feodal, tout en s'affai-
blissant, avait encore conserve la plllSSüllCC de son organisation. Les sei-
lälleurs trouvaient s'entourer (l'un nombre (Ylionnnes surs, assez consi-
(lerable pour pouvoir se dcfendre dans leurs chateaux; mais a dater du
xive siecle, les liens feodaux tendent a se relacher, et les seigneurs
possedant de grands fiefs sont obliges, en cas de guerre, d'avoir recoins
Flux soldats mercenaires. Les vassaux, les hommes liges memes, les va-
vasseurs, les villages ou bourgades, rachetent a prix d'argent le service
personnel qu'ils doivent au seigneur fcotlal; et celui-ci, qui, en temps
de paix, trouvait un avantage a ces marches, en cas de guerre se voyait
oblige d'enroler des troupes (lliventuriers qui, a dater de cette epoque,
n'ont d'autre metier que de louer leurs services, et qui (leviennent un
fleau pour le pays, si les querelles entre seigneurs seteignent. Pendant
le temps de calme qui permit a la France de respirer, sous Charles V,
ÜPPÜS les desastres du milieu du xlv" siecle, ces troupes devinrent un si
gros embarras, que le sage roi ne trouva rien de mieux que de les placer
sous le commandement de du Guesclin, pour les emmener en Espagne,
contre don Pedro.
A Yepoque ou l'on eleva la grandsalle du chateau de Montargis, Yetat
feodal n'en etait pas arrive a cette extremite fächeuse de recruter ses
defenseurs parmi ce ramassis de routiers, et deja, cependant, on voit
que la salle basse est isolee, n'ayant d'issues,que sur la cour, sans com-
munications directes avec les defenses. Nous verrons comment, dans des
chateaux plus recents, cette disposition fut plus nettement accusee, et
quelles sont les precautions prises par les seigneurs feodaux pour tenir
ces troupes de mercenaires sous une surveillance constante.
Avant d'en venir a donner des exemples de ces dispositions toutes
partieulieres, nous devons, en suivant l'ordre chronologique, parler ici
de la grandsalle du Palais de Paris, batie sous Philippe le Bel, par
Enguerrand de hlarigny, comte de Longueville. De cette salle, la plus
grande du royaume de France, il reste aujourd'hui Petage inferieur, des
plans, et une precieuse gravure de du Cerceau, non terminee, dont on
ne possede qu'un tres-petit nombre d'epreuves. Cet etage inferieur est