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Dans les palais episcopaux, les deux salles superposees avaient une
destination bien connue. La salle basse etait Fofficialite; la salle haute,
le lieu propre aux grandes reunions (liocesaines, synodes, assemblees
du clerge, au besoin salle de banquets. D'ailleurs les cveques etaient
seigneurs feodaux, et, comme tels, ils devaient, dans maintes circon-
stances, reunir leurs vassaux. On a peut-etre moins eclairci la destination
des deux salles superposees dans les chateaux des seigneurs laiques. Ge-
pendant cette (lisposition est trop generale pour qu'elle n'ait pas ete im-
posee par des usages uniformes sur tout le territoire feodal de la France.
C'est en examinant soigneusement les voisinages de ces grandes salles,
la maniere dont leurs ouvertures sont placees, leurs issues, que nous
pouvons nous rendre compte des usages auxquels etaient destinees les
cnuvres basses, car, pour Fetage superieur, sa destination est parfaitement
delinic.
Quand on voit les ensembles des plans de nos grands chateaux feodziux,
on remarque qu'il n'y avait pour la garnison que des locaux peu etendus.
Ceci s'explique par la composition meme de ces garnisons. Bien peu de
seigneurs feodaux pouvaient, comme le chatclain de (loucy, au Xlllc sie-
cle, entretenir toute Fannee cinquante chevaliers, dest-it-dire cinq cents
hommes (l'aimes. La plupart de ces seigneurs, vivant des redevances de
leurs colons, ne pouvaient, en temps ordinaire, conserver pres d'eux
vassaux devaient Testage, la garde du chateau seigneurial, pendant qua-
rante jours par an (temps moyen). Mais il y avait deux sortes de vassaux,
les hommes ligos, qui devaient personnellement le service militaire, et
les vassanx simples, qui pouvaient se faire remplacer. De cette coutume
feodale il resultait que le seigneur etait souvent dans l'obligation d'ac-
cepter le service militaire de gens qu'il ne connaissait pas, et qui, faisant
Inetier de se battre pour qui les payait, etaient accessibles a la corrup-
tion. Dans bien des cas (lätilleurs, les hommes liges, les vassaux simples
ou leurs remplacaiits, ne pouvaient suflire a defendre un chateau sei-
gneurial; on avait recours a des troupes de mercenaires, gens se bat-
tant bien pour qui les payait largement, mais au total peu sürs. Uctait
donc dans des cas exceptionnels que les garnisons des chateaux etaient
nombreuses, mais il faut reconnaitre que du X110 au xvc siecle, la de-
fense etait tellement superieure a l'attaque, qu'une garnison de cin-
quante hommes, par exemple, suffisait pour defeinlre un eliätteau d'une
etendue mediocre, contre un nombreux corps (Yarmee. Quand un sei-
gneur faisait appel a ses vassaux et que ceux-ci s'enfermaient dans le
chateau, on logeait les hommes les plus sürs dans les tours, parce que
chacune d'elles formait un poste separe, commande par un capitaine.
Pour les mercenaires ou les remplaeants, on les logeait dans la salle
basse, qui fournissait a la fois un dortoir, une salle a manger, meme une
cuisine au besoin, et un lieu propre aux exercices. Ce qui indiquerait
cette destination, ce sont les dispositions interieures de ces salles, leur