SALLE
tique, devoilent tout a coup des tendances, des goüts, des aptitudes anti-
pathiqucs a cette classification politique.
Que les etudes archeologiques et ethnologiques aient etc pour quelque
chose dans ces manifestations modernes, cela est possible, et explique-
rait meme la repulsion instinctive de quelques personnages pour ces
etudes; mais le symptome ne se manifesterait pas si la cause n'existait
D115- Or, dans les recherches historiques, les symptomes ou les effets,
si l'on veut, doivent etre signales avec soin, sous quelque forme qu'ils
S0 prescntent. Donc, pour en revenir a l'objet qui nous occupe, nous
voyons que des fepoquc merovingienne, la salle prend un role tres-
importzmt. Ces barbares, ces Francs venus du nord_est, qui envahissent
le sol gaulois, batissent (les salles, ou transforment des cdifices gallo-
romains de maniere a possedcr avant tout une salle propre a reunir leurs
leudes, et a organiser ces bailquets homcriqires qui duraient tant qu'il
restait des vivres a consommer. Rien de semblable dans les habitudes des
Romains. La basilique romaine etait un edifice public, sorte de bourse
Oü se traitaient toutes sortes (Yaffaires; lieu de rendez-vous, tribunal ou
l'on rendait la justice. Mais la basilique romaine n'avait pas le caraetere
individuel dela salle des blerovingiens. Le Romain, chez lui, recevait peu
de monde; sa vie se passait sur la place publique, dans les thermes ou
Sous les portiques. Ses clients, ses affranchis, Fattendaient a la porte
(le sa maison, sur la voie publique. Entre la famille du Romain et ses
clients, si nombreux ou si gros personnages qu'ils fussent, il y avait
toujours une barriere infranchissable. Or, les auteurs anciens qui ont
fleerit les nneurs (les Gaulois nous les representent comme aimant les
rcunions nombreuses, les banquets, les assemblces, comme introdui-
sant facilement dans leurs maisons, non-seulement lcurs proches, les
hommes du clan, mais les ctrangers; comme se plaisant a Fhospitalite
plantureuse. Les conquerants barbares manifestent les memes goüts, ct
la nation gauloise tout entiere, loin (Yetre romanisce sous ce rapport,
et de reagir contre ces mceurs des nouveaux venus, les adopte, ou, ce
qui parait plus probable, n'avait jamais cesse de les pratiquer. Si, pour
un chef franc, la salle etait l'habitation tout cntiere, si les villa: incro-
vingiennes consistaient surtout en un grand batiment propre a recevoir
une nombreuse assemblee, entoure de (plelques depcndances pour l'ha-
bitation des serfs, des colons, pour abriter les bestiaux et contenir des
provisions, l'habitation du citadin, d'aussi loin que nous pouvons l'en-
trevoir, se compose egalement de la salle ou l'on recoit les allants et
venants, ou l'on reunit la famille, les amis, les etrangers, ou l'on mange
en commun, oü se traitent les aHaires.
La salle zippartient donc bien aux races du Nord; on la retrouve par-
tout ou elles setablissent, en Bretagne, en Germaine, dans les Gaules
C'est donc un des programmes les plus importants dans l'art de l'archi-
tecture du moyen agc, un de ceux qui se modifient le moins depuis les
premiers siecles jusqu'au xvllt; et, chose singuliere, c'est un des pro-
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