[ ROSE l
Quand Pingenieur Polonceau imagina le systeme de cercles de fer
pour resister a des pressions entre le tablier et les arcs d'un pont, il ne
faisait, Z1 tout prendre, qu'appliquer un principe qui avait ete employe-
six siecles avant lui. On vanta, et avec raison,'le systeme nouveau ou
plutot renouvele, mais personne ne songca 51 tourner les yeux vers la
cathedrale de Paris et bien d'autres edifices du XIIIE sieele, dans lesquels
on avait si souvent et si heureusement employe les cercles comme moyen
de resistance oppose a des pressions. Dans les deux roses du transsept
de Notre-Dame de Paris, il n'etait pas possible de trouver un moyen
plus efficace pour resister a la pression qui s'exerce sur le cote curviligne
de ces triangles que le cercle de pierre B, etresillonne lui-morne puis-
samment par les petits triangles curvilignes lt. Les crochets-etresillons S
completent le systeme des resistances. N'oublions pas que cette enorme
claire-voie circulaire ne pose pas sur un mur plein, niais sur une galerie
ajourec elle-ineme, d'une extreme delicatesse; que pour ne pas ecraser
les colonnettes et prismes de cette galerie, il fallait que la rose exercat
sur cesfreles points d'appui une pression egalernent repartie; car si les
points d'appui verticaux de cette galerie ont une resistance considerable
ensemble, ils n'en ont qu'une assez faible pris isolement. Le probleme
consistait donc a faire de la rose une armature homogcnc, ifappuyant
pas plus sur un point que sur un autre. Les ecoincons ajoures, avec
leur grand cercle B, leurs triangles curviligncs R et leurs crochets S,
repartissent les pesanteurs sur l'assise inferieure T, de telle sorte que
tous les points de cette assise se trouvent egalement charges. D'ailleurs
les deux parois ajourees X, Y, de la galerie, formant chevalement,
decomposent les pressions au moyen de Parcature G, qui forme une
suite d'etresillons remplacant des croix de Saint-Andre en charpente.
La preuve que le moyen adopte est bon, c'est que, maigre les restaura-
tions maladroites du dernier siecle, maigre Fecartement des contre-forts,
aucune des pilettes de cette galerie n'etait brisee. Uarcature C elle-meme
avait tres-peu souffert 1. Pour diviser les pressions, pour arriver 51 faire
euX-memes sur une claire-voie qu'on chargeait ainsi d'un poids inutile. Il fallut donc,
il y a quelques aunees, refaire cette rose. Heureusement, des fragments anciens existaient
encore, les panneaux des vitraux primitifs avaient ete replaces ainsi que les armatures de
fer. il fut donc facile de reconstituer la rose dans sa forme premibre (cette forme avait
ete quelque peu mozliliee, notamment dans la coupe des profils). Un puissant chainage
fut pose en l, et en M, pour eviter tout eeartement; les contreforts furent consolides. La
rose du nord n'avait pas ete refaite, bien qu'elle se fut defcwrmee par suite d'un ecarte-
ment des contre-forts; il a suffi, pour la restaurer, de la deposcr, et de refaire les mor-
ceaux brises sous la charge par suite de cet dcartement. Mais ce qui fait ressortir la resis-
tance de ces grands chfissis de pierre, lorsqu'ils sont bien combines, c'est qu'ils demeurent
entiers pendant des siecies, maigre les accidents tels que ceux que nous signalons.
1 Les pileltes principales h n'ont que 0'",20 sur 0111.36 de section en moyenne; les
pilettes intermediaires in'ont que 0'210 sur 0'215. Elles sont taillees dans du eliquart
(le la butte Saint-Jacques. Lorsqu'on les frappe, ces pilettes resonnent comme du mätal.