[ SYMETHIE ] 516
Pour faire apprecier les methodes symetrique et eurhythmiqtie des
maitres du moyen zige, il est nccessaire de prendre un monument type
et qui n'ait pas subi d'alterations sensibles. Nous ne saurions mieux faire
que de recourir il llglise abbatiale de Saint-Yved de Braisne, un des mo-
numents les mieux conqus du Soissonnais, laati certainement sous la
direction d'un artiste consomme dans son art 1. Ce monument, commence
en 1180, n'etait consacre qu'en 1216; il appartient donc a cette pre-
miere et brillante serie des ccoles laiques. La legendc qui donne l'histoire
de sa construction est empreinte elle-meme de cette tradition de nom-
bres sacres qu'on retrouve souvent dans les legendes antiques rela-
tives aux travaux d'architecture. C'est Mathieu Herbelin qui parlef:
a Au tems que la notable dame Agnes, comtesse de Dreux et de Bfflyllü,
a faisoit bastir et ediflier l'ouvrage dicelle Esglise, y avoit douze maistres
a macons, lecquels avoient le PBgUtIITl et congnoissanee par dessus tous
a les autres ouvriers, tant entaillant les imaiges et ouvrages somptueux
a dicelle Esglise comme a conduire ledit (euvre. Et combien que en tai-
a sant et conduisant ledict ouvrage par chacun jour se trouvoientconti-
a nuellement et journellement treize maistres, neantmoins, au soir et en
a payant et sallariant lesdits ouvriers, ne se trouvoient que lesdits douze
a maistres. Parquoy lon peult croire et estymer que cestoit ung mnvre
a miraculeux, et que Nostre Seigneur Dieu amplioit lediet nombre de
a treize. Tout lequel ouvrage, ainsi comme on peult verre presentement,
u fust faict et accomply en sept ans et sept jours, ainsi que l'on trouve
a par les ancyennes croniques de la fondation de ladicte Esglise. n
Nous ne pourrions certilier que ce monument ait etc construit en sept
ans et septijours; mais nous pouvons constater que le nombre sept est
le generateur du plan, et que ce plan, de plus, est trace d'apres le systeme
de structure adopte, dest-a-dirc que ce sont les voütes qui commandent
tout le trace. (Tetait agir conformement a la methode "logique que de
soumettre, en effet, tout le trace du plan a la structure des voütes, des
l'instant que ce mode etait admis.
Ce qui constitue la voüte dite gothique, c'est l'arc ogive, l'arc diagonal,
et non Pare-doubleau 3. C'est l'arc ogive qui etablit la nouveaute du
systeme qui nait et se developpe (quoi qu'on ait dit, et jusquäi preuve du
contraire) au xne siecle, dans les provinces du nord de la France 4. C'est
1 La partie antdrieure (la nef) de cette äglisc a (SUE ddmnlic il y a POU (Vflnnäeä; mais
les plans subsistent, ainsi qu'une trauäe de cette nef, qui en donne par consäquent la
coupe.
2 Manuscrit appartenant ä M. Petit de Clmmplain, il Braisne. Voyez la Monographie
de Saint- Yved de Braisne, par M. S. Prioux.
3 Voyez CONSTRUCTION, Ocivn, Vounz.
4 Cette opinion a eu fort combattus, elle l'est encore par quelques-uns des dcrivains
altardds qui s'occupent de l'histoire de l'architecture; mais il faut dire qu'elle n'est pas
eombatlue comme il faudrait qu'elle le füt, par (les preuves tirees des connaissances
pratiques de notre art. Une seule epure nous montrant une voüte (l'ai-etc en arcs dbgives