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SYMETRIE
SYMETRIE, s. f. Mot grec (Gvpptiffftu) francise, et dont on a change
quelque peu la signiiication depuis le XVle siecle. Symätrie, ou plutol:
symmätrie, pour adopter l'orthographe des auteurs des xve et XVIe siecles,
qui etait la bonne, signifiait : justes rapports entre les mesures; harmonie,
ponderation, rapports moderes, calcules en vue Äd'un resultat satisfai-
sant pour l'esprit ou pour les yeux. Le mot synzätrie ayant ete applique a
l'architecture, on ne s'explique pas pourquoi le mot eztrlzytllmz'e (züpuepfa),
qui veut dire u bon rhythme n ou a beau rhythme n, ne l'a pas etc aussi,
car il vaut mieux que le mot latin proportio, ou plutot proportione, qui
est vague et n'a point une signification en rapport avec l'art de l'archi-
tecture. Nous n'avons point ici a discuter sur la valeur des mots. Ceux-ci
cependant, a l'origine, exprimaient un ordre d'idees delinies ; cet ordre
a etc modifie profondement, il est donc utile de se rendre un compte
exact de Yidee qu'on zittachait au mot primitif symätrie, pour recon-
naitre le sens devie qu'on lui prete aujourd'hui. Si Fidee n'est plus en
rapport avec le mot, il s'ensuit evidemment, ou que Yidee est fausse, ou
que le mot est impropre. eutrdiredmaujotrrdfhui, dans le lan-
gage des architectes, noirpias une ponderation, un rapport harmonieux
glespartiesrIuntout, mais une similitudedcsspaslties oppesees, la repro-
duction exacte, a la gauche d'un axe, de ce qui est a droite. Il faut
rendre cette justice aux Grecs, auteurs du motiymflliif, qu'ils ne lui
ont jamais prete un sens aussi plat. Voici la delinition de Vitruve 1 :
u Quant a la symetrie, c'est un accord convenable des membres, des
u ouvrages entre eux, et des parties separees, le rapport de chacune
a des parties avec l'ensemble, ainsi que dans le corps humain, ou il
a existe une harmonie entre le bras (la coudee), le pied, la palme, le
a doigt et les autres parties du corps. Il en est ainsi dans les ouvrages
a parfaits, et en premier lieu dans les edilices sacres (dont l'harmonie
u est deduite) du diametre des colonnes ou du triglyphe. De meme, le
a trou que les Grecs appellent peiträton fait connaitre la dimension de la
a baliste (a laquelle il appartient) 2; de meme encore, l'intervalle entre
a deux chevilles (des avirons) d'un navire, intervalle qui est appele
u dipäcaikä (permet de connaitre la dimension de ce navire). Ainsi en
a est-il de tous les ouvrages dont le systeme symetrique est donne par
u les membres.
Il est clair que Vitruve donne ici au mot symätrie le sens grec 3, qui
1 a Item symmetria est ex ipsius operis membris conveniens consensus, ex par-
a tibusque separatis, ad universae figura-z speciem, ratzB partis responsus: ut in hominis
.1 coi-porc ä cubito, pede, palme, digito, caeterisque parlibus symmetros est, sic est in
a operum perfcctionibus. Et primünl aedibus sacris, ut E: columnarum crassitudinibus,
a {lut g, tyiglypho, aut etiam cmbate balistas foramine. Quod Graeci wevrpnrov vocitant,
navibus interscalmio, quod Sun-alaire); dicitur, item caeterorum opcrum, ä Inembris
u invenitur symmetriarum ratiocinatio. n (Lib. I, cap. n.)
3- Cornmc aujourd'hui le calibre d'une bouche ä feu permet de connaitrc sa dimension.
3 Ce sens est parfaitement äclzlirci par les dcrxiicrs travaux de sur le grand