[ SYMBOLE ] 508
annonqaient ou signifiaient sous un voile historique, et les evenements
de la vie de Jesus, sa mort, sa resurrection, la redemption, et tous les
evenements de la premiere communion chretienne, il y avait autant de
motifs d'admettre que toute chose creee ne l'avait ete que pourannonccr
ou signifier ces grands evenements. Il n'y avait pas plus d'effort, pour
l'esprit des croyants, a trouver dans le Cantique des cantiques une pein-
ture prophetique et symbolique de YEglise, que de voir dans le hibou 1 un
symbole du Christ. Ne lit-on pas dans les saintes Ecritures : uFactus sum
sfcut nyclicorax in domicilfo2 n ? Chez les Atheniens, le hibou etait le
symbole de la prudence, detait l'oiseau düithene. Les Bestiaires chre-
tiens ne sont que des copies des fables contenues dans l'histoire natu-
relle d'Eliei1 et de Pline, avec un sens symbolique converti a la religion
nouvelle 3, mais dont l'origine 3e retrouve au sein de la plus haute anti-
quite. Ilen est de meme des demons, ou de l'empire que prend le demon
dans la symbolique du moyen fige. M. A. Maury dit, avec ce savoir qu'on
lui connaiH: a Les caracteres donnes par les Peres de Pliglise aux de-
(l mons sont les memes, en effet, que ceux que l'on rencontre chez les
a platoniciens; ces ecrivains puisent dans les livres des Grecs, ils em-
u pruntent leurs paroles, ils serment de leur autorite, ils partagent
(c toutes leurs superstitions, et c'est en s'en referant a Platon qu'ils de-
u clarent l'univers livre au culte des demons, d'etres mcchants et per-
u vers qui inondent Fatmosphere, entrent dans le corps humain, parlent
u par les oracles, suggerent les pensees mauvaises et les actions cou-
rt pables, habitent enfin dans les idoles que le vulgaire prend pour
u l'image de la Divinite, et se nourrissent du sang des victimes et de
a la fumee des sacrifices. Tandis qu'ils reservent aux diables, ajoute
a M. Maury, confondus avec les demons, tous les caracteres des demons
(1 du neoplatonisme, les chretiens appliquent aux anges ce que les philo-
a sophes avaient rapporte au role bienfaisant des demons. Ils en font des
ff genies psychopompes, qui president a la distribution et il la formation
H des amesm. Uheritage de Platon passa donc aux chretiens, qui de-
u manderent 21 ses idees tout ce qui pouvait eclairer ou completer leur
a doctrine; ils tirent de sa demonologie une arme pour renverser le
u polytheisme, dont elle avait dejfi ebranle les bases; une fois les dieux
1 Le nyclicoraa: des Bcstiaires latins; le nicorace du Bestiaire de Guillaume, lc trou-
väre normand.
2 Psaume Cl.
3 Voyez les Jlldlanges archdol. des RR. PP. Martin et Cahier (t. Il, p. 106); aussi
le Bes-tiaire divin de Guillaume, clerc de Normandie, publiä: par M. C. Hippeau (Caen.
18-52); l'ouvrage du cälizbre Hugues de Saint-Victor, Izmslituffones monasticw, rle besfizlv
et rllizTs rebus. Hugues de Saint-Victor explique les raisons qui, selon lui, devaient faire
adopter ces repräseiltations dans les äglises: a Quod doctoribus zinnuzt scriptura, hoc
simplicibus pictura. Sicut enim sapiens delectatur sublilitate scrzpturw, sic szmplicium
anima delectatur simplicilafe piclurzz. n (Tome Il, p. 3911.)
4 Ilislozre des relzgions, t. Ill, p. 1529.