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encore a celle des Byzantins, sans beaucoup la connaitre,puisque Yeveque
de Mende pretend que les Grecs, par des raisons de convenance, ne
peignaient les figures des saints ou des personnages divins que de la täle
au nombril, dest-a-dire en buste. On reconnait facilement, en lisant le
chapitre III du Rationale, que Guillaume Durand partageait Yhesitation de
beaucoup de prelats italiens a cette epoque, au sujet de Yopportunite ou
de la convenance des images, sculptees surtout, dans les eglises. Il sfetend
longuement sur les passages de l'ancienne Loi et les arrets des conciles,
oii les images sont interdites dans les lieux saints; il reconnait d'ailleurs
que la peinture emeut l'esprit plus que Fecriture. Aussi est-il dispose a
l'admettre; mais la maniere irague dont il en parle et le silence presque
absolu qu'il garde sur la sculpture, font assez voir qu'il ne se faisait pas
une idee nette des grands poemes de piefre qui recouvrent nos monu-
ments religieux du Nord.
Le succes des Bestiaires pendant les xne et xme siecles s'explique par
cet amour pour le symbolisme qui alors possedait tous les esprits. Ces
animaux, reels ou fantastiques, auxquels ces traites attribuent des qua-
lites si etranges, et qui ne sont que des symboles des vertus divines ou
des mauvaises inspirations du demon, sont representes en grand nombre
sur nos monuments. Chez le peuple, beaucoup de ces animaux vivaient
dans les imaginations des avant le christianisme. Les legendes qui s'y
rattachaient, ou les proprietes qu'on leur pretait, dataient de loin, et
avaient ete christianisees deja par les Peres. Symboles paiens, souvent
les Bestiaires etaient changes en symboles chretiens. On pourrait citer un
certain nombre de ces animaux qui, certainement, avaient leur signifi-
cation symbolique paienne. Le pantheisme, qui observait la nature avec
tant de perspicacite, et qui etablissait son systeme religieux sur cette
observation, ne pouvait manquer de faire, dans bien des cas, delümimal
un symbole; sans compter que, dans Pantiquite, le symbolisme attache
a l'animal allait jusqu'a le rendre sacre, comme le beauf chez les Egyp-
tiens, par exemple. Pendant la periode la plus elevee du moyen age,
tous les hommes verses dans Fetude des mysteres de la religion donnaient
aux saintes Ecritures quatre sens differents : selon eux, elles peuvent
etre interpretees dans 1e sens historique, allägorique, tropologique et ana-
900102401. D'apr'es ce "principe, par la meditation, tout homme peut, des
faits materiels, arriver a l'enseignement moral, d'on il decoule (en consi-
derant les choses de ce monde mues par une volonte divine) que tout
fait ne se produit que pour une fin morale, est le symbole visible d'un
phenomene intellectuel, d'une intervention divine, d'une puissance mo-
rale. Du moment qu'apres les Peres on admettait que des faits historiques,
tels que ceux contenus dans PAncien Testament, ou que le Cantique des
cantiques, par exemple, ne süätaient produits qu'en prevision de la venue
du Christ et de Yetablissement de son Eglise; que les saintes Ecritures
Voyez Guillaume Durand, Rationale divin. officn, Prommium, p,