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Uavidite pour le symbole etait telle chez les chretiens, a defaut du
pantheisme, que FAncien Testament ne fut plus qu'une succession de
symboles du nouveau. Uantagonismc des puissances divines admis par
les Aryas de l'lndus et par toutes les branches de cette grande famille
humaine, fut soumis a l'orthodoxie, mais subsista neanmoins. L'esprit
du mal, immortel, puissant, independant, possedant un empire, se re-
trouve chez les chretiens et est personnifie. Cette soif de symboles don-
nait aux arts et a la poesie un vaste champ a parcourir. Aussi peut-on
dire que nos edifices religieux du moyen age sont une accumulation de
symboles revetus de la forme chretienne, mais dont l'origine, bien sou-
vent, appartient au pantheisme antique, soit a celui des Grecs et des
Latins, que nous connaissons, soit au pantheisme local des peuples
gaulois, sur lequel nous n'avons que des donnees peu etendues. Et au
milieu des traditions empruntees au christianisme meme, les sujets pre-
feres parles imagiers sont ceux qui ont un caractere symbolique. Les
propheties de FAncien Testament, les paraboles des Evangiles, liApoca-
lypse de saint Jean; parmi les legendes, celles qui touchent au symbo-
lisme, fournissent a la statuaire et a la peinture le plus grand nombre
de sujets. Ainsi, par exemple, sur les facades d'un assez grand nombre
(Yeglises du Poitou et de la Saintonge, datant du xne siecle, aNotre-
Dame de Poitiers, a Saint-Nicolas de Civray, a Saint-Hilaire de Melle,
a la cathedrale d'Angouleme, a Peglise de Surgeres, figure une statue
equestre de grande dimension. Le cavalier est arme ; il porte la couronne
et tient une epee nue a 1a main. Sous les pieds de devant du cheval est
habituellement representee une petite figure d'homme terrasse, semblant
demander misericorde. Plusieurs opinions ont etc emises sur la qualite
de ce cavalier. On voulut longtemps voir dans cette representation,
occupant une place honorable, Gonstantin, Pepin ou Charlemagne.
D'autres opinions, plus plausibles, ont remplace celle-ci : M. de Gherge
voit dans ces statues les fondateurs laiques des eglises. M. Didron pretend
qu'elles representent saint Martin comme chef des confesseurs dans les
Gaules. Une critique judicieuse ne peut toutefois faire admettre ces
opinions MM. Jourdain et Duval proposent de voir dans ces statues
equestres, soit l'un des cavaliers mystiques de l'Apocalypse, soit, ce qui
parait mieux fonde, l'ange envoye de Dieu pour terrasser Heliodore,
profanateur du temple. En effet, le texte du livre des Machabees dit :
u Apparuit enim illisquidarn cquus terribilem kabens sessorem, optimis
hommage rendu aux puissances surnaturelles, un sacrifice en un mot. Mais la flamme
consumant la liqueur du säma etait la veritable acceptation du sacrifice par le dieu, dont
la presence sur l'autel citait alors reelle. (Voyez Essai sur le Väda, par Emile Burnouf,
1863.)
1 Voyez, {i ce sujet, les Notes d'un voyage archäologique dans le suzl-oucsf de l"
Bancs, par M. J. Mnrion, tome lll, 2e serie du recueil de l'Ecole des chartes, p. 190
et suiv.