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SYMBOLE
le malheureux etage superpose depuis, et dont le moindre defaut est
de rendre incomprehensible la disposition du rez-de-chaussee. L'ordre
admis, examinons avec quel art notre maitre le construit, lui donne un
style, le style, celui qui ressort d'une juste application de principes
vrais. Philibert de l'0rme ne pouvait ou ne jugeait pas a propos de
dresser des colonnes ioniques monolithes. (Ifetait par une superposition
de tambours qu'il les construisait. Il accuse franchement sa structure, il
separe les tambours tailles dans des assises hautes de pierre de Saint-Leu
par des basses assises de marbre formant comme des bagues, des anneaux
cerclant le fut. Sur ces tambours de marbre il sculpte des attributs de-
licats, 51 peine saillants, comme pour mieux faire ressortir le prccieux
de la matiere. Sur les tambours de pierre, ce sont des cannelures, et sous
le chapiteau, pour menager une transition entre la froideur des füts et
la richesse du couronnement, il fait courir devant les cannelures des
branches de laurier.
Qu'on applique les ordes antiques avec cette sagacite, en les subor-
donnant a un mode de structure impose par la matiere, nous l'admet-
certes personne ne contestera Yelegance de ce fragment d'architecture,
surtout si par la pensee on le degage de toutes les superfetations har-
bares qui Fecrascnt. Mais qu'on reprenne aujourd'hui ce charmant
motif sans tenir compte des raisons qui l'ont fait adopter, alors le style
disparait. Il ne reste qu'un pastiche sans l'intelligence de l'original, une
traduction vague et confuse d'un langage simple, logique et clair. Pour
posseder le style, l'oeuvre de l'architecte ne peut se passer düdees pen-
dant sa conception, et de l'intervention de la raison pendant son deve-
loppement. Toutes les splendeurs de la sculpture, la richesse et la pro-
fusion des details, ne sauraient suppleer au manque düdees et a l'absence
du raisonnement.
SYMBOLE, s. m. Image idealisant les qualites d'un personnage, les
phenomenes naturels, ou cachant une idce metaphysique 1; c'est la
forme poetique qui se grave dans l'esprit d'un peuple, mieux que ne
peut le faire une definition seche. Jesus se compare au pasteur, les
peintres des premiers temps du christianisme le representent entoure de
brebis. Cette image symbolique en dit plus que tous les raisonnements
tendant a demontrer que Dieu considere les hommes avec la sollicitude
du berger veillant sur son troupeau.
Le symbolisme appartient aux races superieures, il est le premier et
le plus puissant vehicule de l'art et de la poesie. La mythologie du Väda
est toute symbolique, comme celle des Grecs, et elle est plus claire, plus
_large, plus pres de la nature. L'homme de race superieure, le blanc, est
1 Dans le culte catholique, par exemple, la nappe de l'autel, le tabernacle, le feu,
l'encens, le calice, sont des symboles sous lesquels se cache une idce mctaphysique.