Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

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forteresses, en soumettant la forme 51 ces deux necessites distinctes, ils 
ont su trouver un art assez souple pour composer un tout homogene de 
ces elements disparates. Leurs chateaux sont des forteresses et des habi- 
tations; le programme est eerit sur leur front. 
Une des marques du style, c'est d'abord l'adoption de la forme conve- 
nable a chaque objet. Quand une oeuvre d'architecture indique clairement 
l'usage auquel on la destine, elle est bien pres de posseder le style; mais 
quand, de plus, cette oeuvre forme, avec celles qui Fenvironnent, un 
tout harmonieux, a coup sur le style s'y trouve. Or, il est evident, pour 
ceux qui ont regarde des monuments appartenant a une meme periode 
du moyen age, qu'il existe entre ces diverses expressions un accord, une 
harmonie. Ueglise ne ressemble pas a l'hotel de ville; celui-ci ne peut 
se confondre avec un hospice, ni un hospice avec un chateau, ni le cha- 
teau avec un palais, ni le palais avec la maison du bourgeois; et cepen- 
dant, entre ces oeuvres diverses dont la destination est ecrite clairement, 
un lien subsiste. Ce sont bien les produits divers d'un etat social rnaitre 
de son expression d'art, et qui n'hesite jamais dans le choix de son lan- 
gage. Dans cette harmonie, quelle variete cependant! L'artiste conserve 
sa personnalite. Tous parlent la meme langue, mais quelle fecondite dans 
le tour l C'est que leurs lois ne sont pas etablies sur des formes admises, 
mais sur des principes. Pour eux, une colonne n'est point un style qui, 
de par la tradition, doit avoir en hauteur un certain nombre de fois son 
diametre, mais un cylindre dont la forme doit etre ealeulee en raison de 
ce qu'il porte. Un chapiteau n'est pas un ornement qui termine le fut 
d'une colonne, mais une assise en encorbellement posee pour recevoir 
les divers membres que la colonne doit soutenir. Une porte n'est pas une 
baie dont la hauteur est proportionnelle a la largeur, mais une ouverture 
faite pour le nombre des personnes qui a la fois passent sous son lin- 
teau.... Mais pourquoi insister sur l'application de principes tant de fois 
developpes dans le Dictionnaire ? Ces principes ne sont autre chose que 
la sincerite dans l'emploi de la forme. Le style se developpe d'autant 
plus dans les oeuvres d'art, que celles-ci s'ecartent moins de l'expression 
juste, vraie, claire. Trouver l'expression juste, etre clair, ce sont des 
qualites francaises que nous possedions dans les arts plastiques comme 
dans le discours. Notre architecture de la renaissance, entre les mains de 
maitres habiles, et en depit des elements batards ou elle allait puiser 
(affaire de cour et de mode), conservait encore ces qualites qui nous sont 
naturelles. Les oeuvres de Philibert de l'Orme en sont la preuve. Voila 
un maitre qui, dans son portique des Tuileries, prend un ordre antique 
accole a des arcades en maniere de contre-forts. Mais, d'abord, il ne fait 
point des colonnes engagees, il pose des pilastres ou des colonnes entieres, 
et celles-ci, saillantes sur Parcature du portique, portaient des balcons, 
les avaneees d'une terrasse sur le jardin, sortes düächauguettes. Il moti- 
vait donc ces colonnes, elles servaient a quelque chose, et n'etaient pas 
la une decoration banale. Cet ordre n'etait point alors destine a porter
	        
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