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lancees dans la voütc en d, et que l'on eouperait aprcs la construction
achevec, auraient rempli aussi bien cet office.
D'ailleurs, pourquoi tant d'efforts apparents, auxquels la deeoration
prete une si grande valeur, pour porter ces sommiers de vente dont la
pression n'est point verticale, mais oblique, et penetre dans le massif de
la batisse? si bien que la voüte, par l'effet meme de ses courbes, ne parait
point, aux yeux, porter sur ces membres saillants? Si, au contraire, nous
examinons une retombee de voüte d'apres le systeme adopte a la fin du
xnc sieele (voyez en G), la chose portee ne repose-t-elle pas de la faeon
la plus claire sur le faisceau de colonnettes et sur le chapiteau commun ?
Y a-t-il la un seul membre inutile, dont on ne puisse immediatemcnt
saisir la fonction et la raison d'etre? Dans les deux cas, le probleme a
resoudre est identique. Lequel, de l'architecte romain ou du maitrc
francais, l'a resolu de la m-aniere la plus satisfaisante ? Si le style resulte
en grande partie de la concordance parfaite entre la forme et sa desti-
nation, dans ces deux exemples, oü se trouve-t-il ?
Dans Yarrangevnent romain que nous donnons ici, le style fait defaut.
Le Romain trouvait 1e style, comme il arrive toujours, quand il ne le
cherchait pas : dans les grands travaux d'utilite publique; dans un
amphitheatre, par exemple, oü tout etait sacrifie a Fexecution d'un
programme bien ecrit; dans les salles de thermes lcs plus simples et
abstraction faite des ornements d'emprunt; dans ces portiques larges,
eleves pour abriter la foule. Mais quand le Romain pretendait se faire
artiste a la facon du Grec, quand il derobait au Grec un ordre sans en
comprendre la signification premiere, pour l'adapter sans raison sous
une retombee de voüte, ou en guise de contre-forts le long d'un mur,
son architecture manquait de la premiere qualite du style, qui est la
clarte, la juste application de la forme a l'objet. Les ruines des monu-
ments vraiment romains, dest-a-dire edifies suivant la donnee romaine,
ont du style. Restaurez la plupart de ces ruines, remettez en place les
ordres, les encadrements, les bandeaux, les ornements enleves par les
barbares ou par le temps, vous verrez le style propre a ces grandioses
constructions s'effacer Z1 mesure que" vous y rcplaeerez ces applications
cmpruntees a un autre art, a un autre ordre d'idees, a un autre principe
de structure.
Le style est la consequencc d'un principe suivi methodiqucment; alors
il n'est qu'une sorte däärnanation non cherchee de la forme. Tout style
cherche s'appelle manierc. La maniere vieillit, le style jamais.
Quand une population d'artistes et d'artisans est fortement penetree
de ces principes logiques par lesquels toute forme est la consequence de
la destination de l'objet, le style se montre dans les oeuvres sorties de la
main de l'homme, depuis le vase le plus vulgaire jusqu'au monument,
depuis Pustensile de manage jusqu'au meuble le plus riche. _Nous admi-
rons cette unite dans la bonne antiquite grecque, nous la retrouvons aux
beaux temps du moyen age dans une autre voie, parce que les deux civi-