STYLE
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de bois, qui ne tracaient pas un profil, sans pouvoir donner la raison de
ce qu'ils faisaient.
Trouver un systeme de structure libre, etendu, et applicable a tous
les programmes, permettant d'employer tous les materiaux, se pretant a
toutes les combinaisons les plus vastes comme les plus simples; revetir
cette structure d'une forme qui n'est que l'expression meme du systeme;
decorer cette forme sans la contrarier jamais, mais au contraire en la
faisant ressortir, en Yexpliquant par des combinaisons de profils traces
d'apres une methode geornetrique, qui n'est qu'un corollaire de celle
appliquee aux conceptions d'ensemble; donner 51 l'architecture, c'est-a-
dire a la structure revetue d'une forme d'art, des proportions etablies sur
des principes de stahilite les plus simples et les plus comprehensibles
pour l'ail; enrichir les masses par une ornementation methodiquement
empruntee a la nature,f d'apres une observation tres-delicate de l'orga-
nisme vegetal et animal; appliquer enfin a cette architecture complete la
statuaire, mais en soumettant celle-ci a des donnees monumentales qui
Fobligent a tenir au monument, a en faire partie : c'est 1a, en resume, ce
qu'a fait notre ecole laique de la lin du xne siecle. Le style est inherent
a l'art de l'architecture, quand cet art procede suivant un ordre logique
et harmonique, par consequent, de l'ensemble aux details, du principe a
la forme; quand il ne remet rien au hasard ou a la fantaisie. Or, c'est la
fantaisie, par exemple, qui seule guide l'artiste, s'il pose un ordre devant
un mur qui n'en a pas besoin, ou qui donne, a des contre-forts faits pour
buter, la figure d'une colonne faite pour porter; c'est la fantaisie qui
perce dans un meme edifice des baies cintrees et des baies terminees
carrement en plates-bandes; qui intercale des corniches saillantes entre
des (Stages, 1a ou il n'y a point d'egout de combles; qui dresse des fron-
tons sur des baies ouvertes en plein mur; qui fait couper un etage pour
percer une porte d'une hauteur inutile, si l'on a egard aux personnes ou
aux vehicules qui passent sous son arc, etc. Si ce n'est la fantaisie, c'est
ce que l'on veut bien appeler vulgairement le goüt, qui conduit a ces
choses contraires a la raison; mais est-ce faire preuve de goüt en archi-
tecture que de ne se point appuyer sur la raison, puisque cet art est
destine a satisfaire, avant tout, a des besoins rnateriels parfaitement
definis, et qu'il ne peut mettre en oeuvre que des materiaux dont les
qualites resultent de lois qu'il nous faut bien subir?
Croire qu'il peut y avoir du style en architecture dans des cnuvres ou
tout demeure inexplique et inexplicable, oü la forme n'est que le produit
de la memoire chargee d'une quantite de motifs choisis a droite eta
gauche, c'est une illusion. Autant vaudrait dire qu'il peut y avoir du
style dans une ceuvre litteraire dont les chapitres et meme les phrases
ne seraient qu'un ramassis decousu emprunte a dix auteurs ayant ecrit
sur des matieres differentes.
Mais sans recourira ces tristes et dispendieux abus, si nous comparons
a notre architecture des XlIc et xrue siecles, une autre architecture pene-