STYLE
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sont irrevocablement attaches a une l'urine, qu'ils l'ont pour ainsi dire
epousee, et que toutes les autres formes ne peuvent plus etre que dans
des rapports illegitimes avec le beau, avec le style, ce sont la des idees
(Yecoles qu'il est peut-etre bon de developper entre quatre murailles,
mais qui s'effacent en presence de la nature. La nature ne se lixe ni ne
s'arrete jamais, et la limite que certains esprits pretendent assigner au
beau, au style, nous rappelle toujours qu'on nous passe la comparai-
son ce point des cadrans de barometre au-dessns duquel beau face
est inscrit, probablement parce que l'aiguille ne s'y arrete pas plus que
sur les autres. Le ciel tempetueux, le vent dans les bois, sur la mer, les
nuees dechirees par l'orage, les brumes, ont leur beaute et leur style
tout comme l'azur profond d'une chaude jonrnee d'as. Au point ou nous
devons nous placer, ne considerant que la question d'art, le beau, le
style, ne resident pas dans une seule forme, mais dans l'harmonie de la
forme en vue d'un objet, d'un resnltat. Si la forme indique nettement
l'objet et fait comprendre a quelle lin cet objet est produit, cette forme
est belle, et c'est pourquoi les creations de la nature sont toujours belles
pour l'observateur. La juste application de la forme a l'objet et a son
emploi ou sa fonction, l'harmonie qui preside toujours a cette applica-
tion, nous saisissent d'admiration devant un chene comme devant le plus
petit insecte si bien pourvu. Nous trouverons du style dans le mecanisme
des ailes de l'oiseau de proie, comme nous en trouverons dans les cour-
bures du corps du poisson, parce qu'il ressort clairement de ce meea-
nisme et de ces courbes si bien iracees que l'un vole et l'autre nage. Il
ne nous importe guere, apres cela, qu'on vienne nous dire que l'oiseau
a des ailes pour voler, ou qu'il vole parce qu'il a des ailes. [l vole, et ses
ailes sont une machine parfaite lui permettant de voler. La machine est
l'expression exacte de la fonction qu'elle remplit; nousantres artistes,
nous n'avons pas besoin d'aller plus loin.
Si donc, par aventure, nous trouvons sur notre chemin des ceuvres
d'architecture qui remplissent ces conditions d'harmonie entre la forme,
les moyens et l'objet, nous disons : a Ces oeuvres ont du style n, et nous
sommes autorises a parler ainsi. Que serait donc le style, s'il n'etait pas
comme une emanation sensible de ces qualites? Residerait-il, par hasard,
dans une certaine forme admise, quel que füt l'objet, ou les moyens, ou
le but? Serait-il l'aime de cette forme, ne la quittant plus ? Comment! un
etre organise, un animal vivant dont vous changez les habitudes, le mi-
lieu, perd cette qualite harmonique du style! L'oiseau de proie que vous
enfermez dans une cage n'est plus qu'un etre gauche, triste et difforme,
bien qu'il porte avec lui son instinct, ses appetits et ses qualites; et la
colonne d'un monument, qui n'est par elle-meme qu'une forme brute,
vous penseriez qu'en la deplaeant, qu'en la posant n'importe ou, en
dehors des causes qui ont motive ses proportions, sa raison d'etre, elle
conservera sdn style et le charme qui 1a faisait admirer la oi1 elle etait
erigee? Mais ce charme, ce style, tenaient precisement a la place qu'elle