STYLE
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plusieurs articles du Dictionnaire les dilferences de style qui permet-
tent de classer par epoques et par ccoles les oeuvres de l'architecture du
moyen age.
Nous ne parlerons donc que du style qui appartient a l'art considere
comme conception de l'esprit. De meme qu'il n'y a que l'art, il n'y a que
le style. Qu'est-ce donc que le style? C'est, dans une (ouvre (l'art, la ma-
nifestation d'un ideal ctabli sur un principe.
Style peut s'entendre aussi comme mode; dest-a-dire zippropriation
d'une forme de l'art a l'objet. Il y a donc le style absolu, dans l'art, et le
style relatif. Le premier domine toute conception, et le second se modifie
suivant la destination de l'objet. Le style qui convient a une eglise ne
saurait convenir a une habitation privee : c'est le style relatif; mais une
maison peut laisser voir l'empreinte d'une expression (l'art (tout comme
un temple ou une caserne) independante de l'objet et appartenant a l'ar-
tiste ou plutot au principe qu'il a pris pour generatcur : c'est le style.
Dans les arts, et dans l'architecture en particulier, les delinitions
vagues ont cause bien des erreurs, ont laisse germer bien des prejuges,
enraeiner bien des idees fausses. On met un mot en avant, chacun y
attache un sens dilferent. Des raisonnements qui ne peuvent jamais se
croiser s'elevent sur ces bases mal assises, n'avancent pas les questions
d'un degre, embarrassent les indecis et nourrissent les esprits paresseux
Toute muvre sortie du cerveau humain, dans le domaine des lettres
aussi bien que dans celui des arts, ne peut vivre que si elle possede ce
qu'on appelle : le style.
Le style appartient a l'homme et est independant de l'objet. En poesie,
par exemple, il y a la pensee ou l'impression, et la manier-e de l'expri-
mer, dc la faire penetrer dans l'ame'de l'auditeur: c'est le style. Sur
cent tcmoins oculaires d'un fait, un seul, en le racontant, produira sur
son auditoire une impression profonde. Pourquoi? Parce qu'il a mis
le style dans sa narration. Ce style lui appartient, et cependant, pour
1 On pourrait citer comme exemple un de ces mots aimes des amateurs d'art et sur
lequel on n'a jamais pu s'entendre, par une bonne raison, c'est qu'il n'a pas un sens
delini. Il n'est pas de critique d'art qui, en parlant de la peinture, ne trouve 51 placer le
et des ombres sur un tableau, pourquoi ne pas dire tout simplement le modale, mot qui
exprime euergiquement les transitions de la lumicrc aux ombres. S'il s'agit, couuue
quelques-uns semblent Pailmettre, du ton local, c'est-finira de l'harmonie ailogitläe par
le peintre, sinon comme couleur, au moins comme repartition de la lumiere, pourquoi
ne pas (lire : harmonie de lumierc, ou harmonie de couleurs, ce (1110 lOUI le monde com-
prendrait? Ou prefere un mot vague, un non-sens, qui passe pour technique, mais
qu'on se garde d'expliquer. Cela n'aurait pas de bien grands inconvänients, si ces non-
sens ne jetaient pas souvent dans l'esprit des jeunes artistcs'un vague, une incertitude
funestes. Nous avons connu des peintres qui cherchaient le Clair-Obscur, Un indefiniä-
sable, un inappreciable, un nous ne savons quoi; ils y perdaient et leur temps et leur
jugement.