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transferaient des reliques de corps-saints. Les translations de reliques
donnaientlieu, de la part des populations, a des manifestations reli-
gieuses dont aujourd'hui nous ne pouvons nous faire une idee. Tous ceux
qui avaient quelque grace a demander au ciel, se transportaient sur le
passage des reliques, et esperaient obtenir l'accomplissement de leurs
vcnux par Yintercession du saint dont ils pouvaient approcher les restes.
Uempressement redoublait autour des chasses, si ceux qui les trans-
portaient faisaient une halte; alors detaient des guerisons subites de
malades ayant la foi, ou des punitions terribles des incredules et profa-
natcurs. On consacrait ordinairement le souvenir de ces haltes dans la
campagne par un petit monument, une pierre, une croix, un reposoir
(voyez Ri-zrosoni).
Quand Philippe le Hardi fit transporter les restes du roi son pere a
l'abbaye de Saint-Denis, il accompagna et voulut mcme porter la chasse
qui contenait les ossements rapportcs de Tunis a Paris. Le funebre cor-
toge Ilt le trajet a pied, et s'arreta plusieurs fois sur le chemin. Et, dit
Corrozet l, a furent odiliees des stations et reposois, en facon de pyra-
w mides, a chacune desquelles sont les cfligies de trois roys et l'image
n du crucifix a la poincte, ainsi qu'on les voit encores de present. Aucuns
n les appellent mont-joycs. a Il ne reste plus aujourd'hui qu'un fragment
de ces stations sur le bord de la Seine, a Saint-Denis meme.
STUC, s. m. Enduit compose de chaux, de sable tres-fm, de poussiere
de calcaire dur ou de marbre, dont on revetait les maeonneries et
meme parfois les appareils de pierre de taille, pour obtenir exterieure-
ment ou interieurement des parements polis, sans apparence de joints,
et qu'on decorait de sculptures delicates et de peintures. Les stucs
furent employes des la plus haute antiquite. Les pyramides de Memphis
etaient recouvertes d'un enduit stuque dont on voit les restes. Les Egyp-
tiens reeouvraient leurs edificcs d'une tres-legere couche de stuc pour
masquer les sutures de la pierre et pour recevoir la peinture. Les Grecs,
quand ils employaient la pierre de "taille vulgaire, passaient sur les pare-
ments un stuc legcr, poli, qu'ils decoraient de peintures. On retrouve
la trace de ces stucages dans les monuments doriens de Sieile, ä Pes-
tum, etc. Les Romains employerent le stuc tres-frequemment, soit pour
les monuments publics, soitpour les habitations. Il n'est pas neeessaire
ici de citer les nombreux exemples de l'emploi du stuc en Italie pendant
läintiquite. Cette habitude passa dans les Gaules, et il n'est pas de con-
struction gallo-romaine dans laquelle on ne trouve des restes d'enduits
stuques, dest-ä-dire polis et peints. Les procedes de construction eurent
la meme fortune que les arts ; ils perirent avec eux en Occident a la lin de
l'empire romain, et les rares dehris des monuments des premiers Siägleg
ne nous laissent plus voir que des enduits grossiers faits de mauvais ma-
Les Anliquite: de Paris, par
Corrozct Parisien, 1586.