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chapiteau, de l'arc ogive et des colonnettes portant les formerets. On voit
que ces colonnettes et leur base dehordent la saillie du tailloir du cha-
piteau. ll s'agissait en effet, a la hauteur d'homme, de prendre le moins
de saillie possible pour ne pas gener la circulation et pour degager
les pieds-droits des niches. Sur cette coloiinette si grele (puisqu'elle n'a
que il fallait faire retomber cet arc qui nerve une enorme voüte
et les colonnettes des formerets. Cela eut etc facile a l'aide d'un cul-
de-lampe; mais pour l'oeil ce parti ne prenait pas assez d'importance,
il ne reliait pas les membres superieurs a la base.
L'architecte dispose donc les sommiers comme le montre en B le trace
perspectif. Pour enraeiner l'arc ogive sur la corne anterieure du tailloir,
une figure est accroupie, et des deux cotes de cet arc, sur les cornes la-_
terales du tailloir, sortent deux culs-de-lampe feuillus recevant la base
des colonnettes des formerets. Le lit inferieur du sommier est en a, le lit
superieur en b. Les lits sont horizontaux jusqu'a la hauteur de trois ou
quatre assises pour l'arc ogive. Ces noeuds de sculptures et de moulures
ont un aspect robuste qui rassure l'oeil et produit le plus heureux effet;
la sculpture est d'ailleurs traitee merveilleusement. Le geometral C fait
voir comment l'assise des sommiers d conserve son lit superieur l1ori-
zontal pour l'arc ogive, etbcomment elle forme coupe lateralement pour
recevoir les elaveaux des erceaux g.
Le X1110 siecle, en developpant son systeme de voütes et ei1 soumettant
de plus en plus la section des piles a la section des ares, perd ces com-
positions fermes et hardies. Cependant, jusque vers 1250, les sommiers
des voütes sont parfois decores pour etahlir la transition entre le cliapi-
teau et les arcs. Nous en avons un exemple a la salle synodale de Sens,
qui date de cette epoque. Au-dessus des chapiteaux, entre les boudins
et dans les cavets des arcs, grimpent des feuillages jusqu'au niveau du
lit superieui" du sommier. Les sommiers de la voüte de la chapelle de la
Vierge, dans la cathedrale d'Auxerre, poses sur les deux colonnes iso-
lees de l'entre-e, sont richement decores de feuillages et de crochets
entre les nervures et les colonnettes portant les formcrets 1. Dans le cloitre
de Feglise de Semur en Auxois, on voit egalement des sommiers decores
de crochets entre les nerfs saillants des arcs 2. Cette mcthode consistant
51 donner de la richesse aux sommiers est particuliere a la Bourgogne,
Oü le goüt de Yoriiementation plantureuse se conserve tard. Ainsi, dans
l'architecture du X1116 siecle, l'emploi de Yarcature aveugle, pour occuper
les soubassements ou certaines parties pleines de la construction, est
fl-äquent 3_ Les moulures qui composent les petites arcliivoltes tombant
sur les chapiteaux forment, a leur naissance, un faisceau maigre (bien
l Voyez CONSTRUCTION, fig. 811. La construction de cette chapelle remonte ä la En de
la premiäre moitici du xmc siäcle.
2 Mäme date.
3 Voyez Ancnulu-z.