[ SOMMIER ] Mil:
sommier, ainsi qu'on le voit en E, ou bien (fig. 2) ils arreterent le profil
par un renfort, et tirent penetrer ses moulures dans une section rectan-
gulairel.
Ces maitres du moyen age avaient de ces delicatesses qui n'ont plus
prise sur nous, gens trop affaires, pour rechercher autre chose que le
gros succes banal, facile et fructueux. Moulurer une archivolte, faire
tomber cette moulure sur un tailloir ou une imposte, ne demande que
la peine de donner un profil au tailleur de pierre; mais arreter cette
moulure a une certaine hauteur au-dessus du lit inferieur du sommier,
et trouver une transition entre les courbures laroülees et l'horizontalite
du couronnement d'un pied-droit ou d'une colonne, c'est se donner
un souci que les artistes travaillant pour les Romains de l'empire re-
gardaient comme superflu. Nos architectes de la fin du xne siecle, chez
lesquels une science naissante n'avait pas encore etouffe le sentiment
vrai de l'art, ne pensaient pas qu'une moulure put naitre de rien, ou
tomber brusquement sur un autre membre sans une attache, une
racine, une base. Ils ne se decident asuppriiner cette racine des mou-
lures d'arcs que quand ceux-ci ne sont plus, pour ainsi dire, qu'une
prolongation des faisceaux de colonnettes composant les piliers, et que
les chapiteaux sont reduits a Fetat de bagues ornees separant les mem-
bres verticaux des membres courbes. Aussi l'importance decorative des
sommiers diminue-t-elle quand la section des piliers se rapproche de
celle des arcs, pour s'effacer entierement, si ces piliers se composent
d'un nombre de membres egal a celui de ces arcs.
Dans le chmur de Peglise de Notre-Dame de la Coulture, au Mans, il
existe une disposition indiquant bien nettement le role que les archi-
tectes du xne siecle assignaient au sommier. Les arcs de la voüte, com-
prenant un arc ogive et deux formerets, reposent sur trois colonnettes
dont les tailloirs sont rectangulaires. Cependant l'arc ogive est mou-
lure avec arete saillante (voyez en A, figure 3, le profil de cet arc ogive);
l'architecte a pose entre ce profil d'arc et le tailloir une statue entiere
avec son dais, qui sert de base au profil. Des fenetres refaites et agrandies
au XIVe siecle sous les formerets ont detruit la belle ordonnance de cette
abside, mais les arcs ogives sont restes intacts avec leur grand sommier
pris dans une seule assise. Toutefois dans cette disposition toute primitive,
il reste des indecisions, des parties imparfaites; les arcs formerets tom-
bent assez gauchement sur des colonnettes qui paraissent trop grosses
pour les porter. Les tailloirs des chapiteaux ne portent pas bien ces for-
merets; ceux-ci naissent brusquement sur leur inutile saillie. Peu a peu
ces tatonnements disparaissent ;l il n'y a plus de ces membres saillants
sans raison, et les nervures des arcs s'enracinent sur les chapiteaux avec
1 De Yäglise de lklonträal (Yonnc), {in du xue sibcle. En A, O-Sl 1311050 la section du
sommier au niveau a, avec la position de. la culonne et la pdnätration des demi-cylindres
au-dessus du tailloir.