[V37 [ sinen j
et perfectionne depuis, croit-on que les etrangers auraient pu aussi
aisement faire cantonner leurs troupes sur le territoire? Alors, que
pouvait opposer une ville, du moment que les troupes imperiales l'avaient
evacuee ? presenter les clefs aux ennemis. Sachons donc reconnaitre ce
qu'il y a de grand et de fort dans cet esprit du moyen age, au milieu de
tant d'abus, car il a fourni le ciment qui nous constitue en corps de
nation. Quand nous voyons des procureurs d'une ville, pendant dix-huit
ans, employer avec eeonomie toutes les ressources dont ils disposent a
munir leur cite; quand, au lieu de se decourager le jour ou leur seigneur
legltime est tombe au pouvoir de Fetranger, ils redoublent d'efforts pour
däfeudpe cette ville; quand, seuls, abandonnes de leurs chefs naturels
et du suzerain, comprenant qu'ils sont la clef d'une moitie du royaume,
ayant sur les bras, non-seulement des troupes etrangeres, mais encore
des milices de villes voisines, ils n'ecoutent que la voix du patriotisme,
et, sans hesitation aucune, montent sur leurs remparts bien munis par
leurs soins; quand nous voyons cela, nous serions parfois tentes de dire:
u Ramenez-nous a ce moyen älge qui savait faire de tels hommes et leur
donner de pareils sentiments, et surtout, avant de le couvrir de dedains,
faisons aussi bien, a l'occasion.
Des M110, disons-nous, les procureurs de la ville d'Orleans font reparer
les murs et la tour de la porte de Bourgogne 1; deja la ville possedait des
canons. En 1h12, des barrieres, au nombre de quinze, sont etablies en
avant des portes de la ville. Ces barrieres etaient de bois, disposees de
maniere a loger des portiers et des guetteurs.
En 1h15, apres la bataille d'Azineourt, la ville est mise en etat de
defense. Vers cette epoque, la ville etait divisee en huit quartiers.
a Chaque quartier avait son chef ou quartenz'er' qui commandait a dix
a dizamiers. Ces derniers recevaient les rapports des chefs de rue. r,
Les chefs de rue etaient charges de la police, et devaient, au premier
appel, reunir leurs hommes a l'une des extremites de la rue. En 1h17,
les murs d'enceinte de la ville furent egalement divises en six parties,
avec chacune un chef de garde, lequel avait sous ses ordres cinq dizai-
niers et cinquante habitants. Cette garde se renouvelait tous les jours
par sixieme. En cette meme annee on convertit une partie des meur-
trieres des tours en embrasures pour y placer des canons. a On pensa
a des ce moment a faire faire et a mettre en etat les pavas (pavois,
(l grands boucliers) de la ville. Ils avaient trois pieds et demi de hauteur n,
etaient faits avec des douves barrees par dessous et recouverts de cuirs;
a des courroies servaientä passer les bras pour s'en couvrir le dos en
montant a l'assaut v.
Des boulevards (boloarts) furent disposes en avant des portes, outre
les barrieres. Ces boulevards etaient des ouvrages de terre avec pieux
1 Voy. Mdm. sur les däpenses faites par les Orläanais en prdvision du sidge et pendant sa
duree, extrait des comptes de la ville d'0rle:'ans, par Vergnaud-Romagnesi. Auhry, 1861.