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(c leur poing n qui furent jetes dans des culs de basse-fosse a la bastille
Saint-Antoine et au Ghatelet. Ceux-la n'avaient point d'amis dans le
camp des assiegeants, mais ils setaient bravement battus pour le parti
du dauphin qui les abandonnait.
Pendant cette triste periode, la guerre de sieges n'existe pas pour les
Franeais. Tout se resout en joutes et en marches honteux. Des seigneurs
prennent parti, tantot pour le duc de Bourgogne, tantot pour le dauphin,
suivant qu'ils pensent y trouver gloire ou profit. Ou encore a la tete de
quelques hommes d'armes, ils tiennent la campagne, pillent le pays, se
souciant assez peu des Bourguignons ou des Armagnacs. Au contraire,
les Anglais et les Bourguignons avaient des armees bien munies, bien
approvisionnees. Ils prenaient villes et chateaux, soit de vive force, soit
a la suite de sieges poursuivis avec persistance. Ce n'etait plus le temps
du bon connctable du Guesclin, qui savait si bien maintenir la discipline
parmi ses troupes et ne souffrait point de negligences. Qui d'ailleurs
pouvait avoir conllance en ces seigneurs fameliques, arrogants, ne se
soumettant plus a la dure existence des camps, preoccupes de leur bien-
etre et de se menager des accointances dans tous les partis, ruinant
les pays qu'ils eussent dü proteger, toujours prets a trahir ou tout au
moins a abandonner une entreprise ?
a Que diray-je doncques de nous ? n ecrit maitre Alain Ghartier 1, a ne
a quelle esperance pourray-je prendre en nos entreprinses et armees, se
u discipline de chevalerie et droicturiere justice d'armes n'y sont gar-
u dees? Autre chose ne se puet dire, fors que en ce cas nous allons
u comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frein..., car
u chacun veult estre maistre du mestier, dont nous avons encores peu
a de bon apprentis. Tous peuent a peine souffire a grever par guerre les
a ennemis, mais chacun veult faire compaignie et chief a par soy. Et
u tant y a de chevetains (capitaines) et de maistres, que a peine trouvent-
a ils compaignons ne varletz..... Maintenant scavoir ceindre Fespee et
a vestir le haulbergeon, souflist a faire un nouveau capitaine. Or advient
u que sont faictes entreprinses, ou sieges assis, oii le ban du Prince est
a crie, et le jour souvent nomme pour les champs tenir. Mais plusieurs
a y viennent pour rnaniere, plus que pour doubte de y faillir; et pour
a paour d'avoir honte et reproche, plus que pour vouloir de bien faire.
u Et si est en leur chois le tost ou le tard venir, le retour ou la demeure.
a Et de telz en y a, qui tant ayment les ayses de leurs maisons plus que
a l'honneur de noblesse dont ilz les tiennent, que lors qifilz sont con-
u trains de partir, voulentiers les portasscnt avec eulx, comme les lymaz
a qui toujours trainent la coquille oü ils herbergent.... Geste lgngfancg
a faulte de cueur est cause des durtez et rapines dont le peuple se com-
u plaint. Car en deffault de ceulx dont on se devroit aider, a fallu
1 Le Quadrilogue invectff, ädition d'Andr6 Duchesne, 1617-
taire des rois Charles VI et Charles VII.
Alain Chartier fut secrd-