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SIEGE
perfectionner ces engins, comme si l'artillerie a feu ne pouvait etre
bonne qu'a remplacer les grandes arbaletes a tour.
Pour pouvoir prendre la ville de Bergerac, les Francais, en 1377,
envoient chercher a la Reole une grande machine de guerre qu'on
appelait truie, a lequel engin etoit de telle ordonnance que il jetoit
a pierres de faix; et se pouvoient bien cent hommes d'armes ordonner
(i dedans, et en approchant assaillir la ville 1 n. Get engin etait donc a la
fois un beffroi, un chat et une pierrierc. Monte sur chassis et galets, il
projetait des pierres contre les remparts ennemis tout en approchant du
pied des murs; il n'avait pas besoin d'etre soutenu par des mangon-
neaux de position, et arrive contre le rempart, les soldats qui le rem-
plissaient se jetaient sur 1e parapet et sapaient en meme temps la base
de la muraille. a A lendemain la truie que amende et acharieo ils avoient,
fut levee au plus pres qu'ils purent de Bergerac, qui grandement
fi ebahit ceux de la villeü... a)
En 1369 deja, les Anglais trainaient avec eux une artillerie qu'on
employait dans les sieges, tout en se servant des grands engins. a Si
a exploiterent tant (les Anglais) qu'ils vinrent devant le chastel de la
u Roche-sur-Yon qui etoit beau et fort et de bonne garde, et bien
i: pourveu de bonnes pourveances et d'artillerie. Si en etoit capitaine, de
a parle duc diAnjou, un chevalier qui sappeloit messire Jean Blondeau,
u et qui tenoit dessous lui au dit chasteau moult de bons compagnons
ri aux frais et depens dudit duc. Si ordonnerent les dessus nommes
il seigneurs (anglais) et barons qui la etoient, leur siege par bonne
ri maniere et grandbrdonnance; et Fenvironnerent tout autour, car
u bien etoient gens a ce faire; et firent amener et eharrier de la ville de
w Thouars et de la cite de Poitiers grands engins, et les firent dresser
il devant la forteresse, et encore plusieurs canons et espringalles qu'ils
a avoient de pourveance en leur ost et pourvus de longtems et usages
(i de anener 3. n
Le perfectionnement de ces engins, l'artillerie a feu qui permettait
1 Froissart, liv. II, chap. v.
2 Froissart, liv. II, chnp. vu. Cln-istine de Pisan, dans le Livre des faicts et bonnes
meurs du sage roy Charles, decrit cette sorte d'engin (chap. xxxv): a Quant l'en nc
u peut prendre le chastcl par vigne (chat) ne par mouton (galerie avec belicr), l'en
a doit considerer la mesure des murs, et doit-on faire chastcnulx et tours de fust, et
u pareillement couvrir de cuir cru et mener au plus pres des murs qu'on peut; et par
a tel chastel de fust, on peut nssaillir en deux maniercs : c'est par pierres lancier ä cculx
a qui sont au chaslel; et aussi par pons leveys, qu'on fait qui vont jusques aux murs du
u chastel assigie; l'cns fait uns petit edifices rle iust, par quoy l'en meine ces chasteaulx
a et tours de fust pres des murs; ceulx qui sont au plus hault du ehastel doivent gecter
u pierres ai ceulx qui sont sus les murs, et ceulx qui sont au moyen estage doivent ava-
a 1er les pons leveys et envayr les murs; et ceulx qui sont en Testage de desoubz, se ilz
u peuvent approchier les murs, ils les doivent foyr et miner..." n
3 Froisszirt, liv. I, chap. CCLXXX.