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palissades ou des mantelets, d'autant plus eleves, qu'on approchait
davantage de la eontrescarpe. Ces tranchees ayant atteint le bord du
fosse en face du point d'attaque, on apportait des fascines, des clayon-
nages, et l'on se faisait une premiere couverture a l'aide de ces materiaux
contre les projectiles des assieges; on placait-la deux picrrieres qui, bien
que dominees, envoyaient des blocs de pierre sur les hourds ou par-
dessus les murailles, occupaient les assieges, et pouvaient detruire leurs
engins disposes derriere les chemins de ronde, soit sur le sol de la place,
s'il etait eleve au-dessus du sol exterieur, soit sur des plates-formes de
charpente dressees derriere les courtines. Sur ce point aftiuaient alors
des bois, des claies, des fascines, de la terre, et toujours, en se couvrant
par un epaulement anterieur, on elevait un bastillon rectangulaire, ter-
rasse entre les clayonnages jusque la hauteur convenable pour battre
les tours voisines et la courtine 1. Le bastillon eleve avec des pentes pour
y monter, on le garnissait, en face de la courtine attaquee, d'un haut
mantelet de bois de charpente et de elaies, revetu de grosses toiles,
de feutre, de peaux fraiches, pour arreter les carreaux des assieges et
amortir les pierres ou les feux lances par leurs engins. Sur la plate-forme
du bastillon, deux pierrieres etaient dressees. Or, en prenant la dimension
d'une pierriere, ctapres la donnee de "Villard de Honnecourt 2, on trouve,
pour le patin de cet engin, 12 metres de longueur et 7 a 8 mctres de
largeur. Pour placer deux engins de cette taille, il fallait que la plate-
formc (en la supposant carree) eüt 2h metres de cote. Ces deux pier-
rieres battaient les deux tours Ilanquantes sans relache, detruisaient
leurs hourdages, et des arbaletriers postes, soit sur cette plate-forme,
soit sur les epaulements des tranehees, tiraient sur tous les dcfenseurs
qui se presentaient pour reparer lcs dommages ou tirer a (lecouvert.
Une ou plusieurs pierrieres ctaient, en outre, chargees de (letruire la
batterie d'engins que les assieges ne manquaient pas d'etablir en arriere
de la courtine. Cependant, sous le bastillon, avait etc reserve un passage,
un couloir dans lequel etait amene un chat, comme celui presente
figure 6. Si Passiegeant, avec ses engins, etait parvenu a dctruire les
hourds des defenseurs, a cribler les erenelages, a brüler meme les ou-
vrages de bois en les couvrant de projectiles incendiaires, alors, pendant
la nuit, on faisait sortir le chat de son couloir; il etait roule sur des
terrassements et des faseines jusqu'au pied de la courtine, ct les mi-
neurs y etaient attaches. Uassiege n'avait plus que la ressource, ou de
contre-miner, ou de se remparer en arriere, soit de l'issue de la galerie
de mine, soit de la breche, si les mineurs faisaient tomber une partie de
la muraille.
a Uamirans fisl venir ses perrieres getans,
a E! cloies, et les pieres, c! picos bien trenchans;
c Lors commence .1. assaus mervillous o! pesans. n
(Fierabras, xm- sibclc, vers 5178 et suiv.)
2 Voyez Euum, fig.
9 et 10.