SIEGE
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du sire de Baruth, du sire de Sidon et de beaucoup d'autres 1 n. Le pere
de Richard Geeur-de-Lion lisait "Vegece sous sa tente; et si le code feodal
en vigueur dans les possessions des Francs en Syrie, a Chypre, nous fait
connaitre combien ces barons des X116 et x111e siecles etaient instruits et
prevoyants, les forteresses qu'ils ont elevees dans ces contrces mettent
en lumiere leur intelligence militaire 2.
En France, si l'on etudie avec quelque soin des places fortes telles que
Goucy, Ghateau-Gaillard et tant d'autres baties entre la fin du XII" siecle
et le commencement du X111", en reconnait bien vite un art tres-complet,
au point de vue de la defense. Or, est-il possible d'admettre que des
hommes si intelligents pour preparer la defense ne le fussent pas autant
lorsqu'il s'agissait d'attaquer. C'est au contraire la puissance et la saga-
cite de Yassaillant qui developpent la prevoyance et l'e'nergie de la de-
fense. Les barons du X1110 siecle n'auraient Pas cherche et trouve ces
ressources defensives s'ils n'y eussent etc contraints par Yhabilete de l'at-
taque. Il faut donc reconnaitre qu'un siege, a cette epoque, n'etait pas
une operation livree au hasard et a la bravoure de gens de guerre indis-
ciplines, procedant sans ensemble et sans methode. Les plans d'attaque
n'existent plus, les descriptions sont laconiques ou faites habituellement
par des gens qui n'etaient pas militaires; mais les forteresses attaquees
sont en partie debout, et leur bonne ordonnance, la prevoyance qui
eclate sur tous les points, indiquent assez quelle etait Fetendue des
moyens offensifs.
Nous avons dit, au commencement de cet article, qu'il n'y a pas d'ar-
mee la ou il n'y a pas de peuple. A l'origine du systeme feodal, il n'y a
que des guerriers, tous a peu pres egaux, et au-dessous, une plebe qui
n'a aucun interet a partager les dangers des nouveaux conquerants. Mais
quand l'organisation feodale est arrivee a son apogee, les choses ne se
passent plus ainsi, et les guerres d'0rient contribuerent beaucoup ä en-
trainer les populations dans les travaux militaires; bien mieux, de rotu-
riers elles firent des chevaliers, et des chevaliers des seigneurs, parfois
des seigneurs couronnes. L'art de la guerre, par la feodalite, devenait
ainsi une carriere ouverte au genie, n'apparüt-il que dans les rangs in-
ferieurs de la societe. Au siege de J erusalem, en 1099, il y avait un corps
de ribauds commande par un des leurs, et qui rendit d'eminents services.
Ce corps etait independant, dest-a-dire qu'il n'appartenait pas a tel ou
tel seigneur, mais se mettait a la disposition des barons pour concourir
a une operation commune.
De nos jours un siege est une operation souvent longue, diflicile et
perilleuse, qui demande un chef habile, prudent, patient et tenace.
Cependant les travaux preliminaires, tels que l'ouverture des tranchees,
f Voyez, ä ce sujet, la Notice sur la vie et les äcrits de Plzilippe de Navarre, par
M. Beugnot, Biblioth. (le Flfcole des chartres, 1'" särie, t. lI, p. 1.
7- Consulter, ä Fdgard de ces forteresses, les mdmoircs puhliüs par M. Pjxxxxxmnue]. Bey.