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manifestes ces ouvriers de nos chantiers de restauration; Fempressement
avec lequel ils nous aidaient avaincre des diflicultes qui semblaient
insurmontables, les perils meme qu'ils alfrontaient gaiement quand" ils
avaient une fois entrevu le but a zitteindre. Ces qualites, nous les trou-
vons dans nos soldats, est-il surprenant qu'elles existent chez nos ou-
vriers ?
Les travaux de restauration entrepris en France, d'abord sous la direc-
tion de la Commission des monuments historiques, et plus tard par le
service des ediliees dits diocäsains, ont donc non-seulement sauve de la
ruine des ticuvres d'une valeur incontestable, mais ils ont rendu un ser-
vice immediat. Le travail de la commission a ainsi combattu, jusqu'a un
certain point, les dangers de la centralisation administrative en fait de
travaux publics; il a rendu a la province ce que FEcole des beaux-arts
ne savait pas lui donner. En presencc de ces resultats, dont nous sommes
loin d'exagerei' l'importance, si (luclques-uns. de ces docteurs qui pre-
tendent regenter l'art de l'architecture sans avoir jamais fait poser une
brique, deeretent du fond de leur cabinet que ces artistes ayant passe
une partie de leur existence a ce labeur perilleux, penible, dont la plu-
part du temps on ne retire ni grand honneur, ni profit, ne sont pas des
architectes; s'ils cherchent a les faire condamner a une sorte d'ostracisme
et a les eloigner des travaux a la fois plus honorables et plus fructueux,
et surtout moins difficiles, leurs manifestes et leurs dedains seront oublies
depuis longtemps, que ces edilices, une des gloires de notre pays, pre-
serves de la ruine, resteront encore debout pendant des siecles, pour
lemoigner du devouement de quelques hommes plus attaches a perpetuer
cette gloire qu'a leurs interets particuliers.
Nous n'avons fait qu'entrevoir d'une maniere generale les difficultes
que doit surmonter l'architecte charge d'une restauration, qu'indiquer,
comme nous l'avons dit d'abord, un programme d'ensemble pose par
des esprits critiques. Ces diflicultes cependant ne se bornent pas a des
laits purement materiels. Puisque tous les edifices dont on entreprend la
restauration ont une destination, sont affectes a un service, on ne peut
negliger ce cote d'utilite pour se renfermer entierement dans le role de
restaurateur d'anciennes dispositions hors d'usage. Sorti des mains de
l'architecte, Fedilice ne doit pas etre moins commode qu'il Fetait avant
la restauration. Bien souvent les archeologues speculatifs ne tiennent
pas compte de ces necessites, et bläment vertement l'architecte d'avoir
eede aux necessites presentes, comme si le monument qui lui est confie
etait sa chose, et comme s'il n'avait pas a remplir les programmes qui lui
sont donnes.
Mais c'est dans ces circonstances, qui se presentent habituellement,
que la sagacite de l'architecte doit s'exercer. Il a toujours les facilites de
concilier son role de restaurateur avec celui (l'artiste czliarge de satisfaire
a des necessites imprcvues. D'ailleurs le meilleur moyen pour conserver
un edilice, c'est de lui trouver une destination, et de satisfaire si bien a