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cane D du ehateau, qu'ils minent la barbacane N de la porte Narbonnaise,
ils cherchent a entamer une portion des lices', et ils combinent une
attaque serieuse sur le point faible en 12, entre Yeveche et Yeglise cathe-
drale de Saint-Nazaire, marquee en S sur notre plan. Gomme nous l'avons
dit, le plateau sur ce point s'etcndait presque de niveau avec Fiuterieur
de la ville del en O; et c'est pourquoi saint Louis et Philippe le Hardi
firent en dehors de l'enceinte wisigothe un ouvrage considerablc sur ce
saillant. L'attaque des troupes de Trincavel est de ce cote (point faible)
tres-vivement poussee; les mines atteignent les fondations de l'enceinte
des Wisigoths 3; le feu est mis aux etaneons, et dix brasses de courtines
äccroulent. Mais les assieges se sont rempares en retraite avec de bonnes
palissades et des breteches; si bien que les gens du vicomte n'osent
tenter l'assaut. Ce n'est pas tout, un travail de mine est fait aussi devant
la porte de Rodez, en B; les assieges contre-minent ct repoussent les
travailleurs ennemis. Cependant des breches etaient faites sur divers
points; le vicomte Raymond de Trincavel craignait de voir d'un moment
a l'autre deboucher les troupes de secours envoyees du nord, il se decide
a tenter un assaut general. Ses troupes sont repoussees avec des pertes
notables, et quatre jours apres, sur la nopvelle de la venue des gens du
roi, il leve le siege, non sans avoir mis le feu aux eglises du faubourg,
et entre autres a celle des Minimes R.
Cette analyse des documents qui nous restent sur le siege de Carcas-
sonne fait connaitre qu'alors, au milieu du X111" siecle, le travail du mi-
neur etait le moyen de destruction le plus habituellement employe contre
les places bien fortifiees. Les troupes de Trincavfel paraissent proceder
avec methode : elles prennent les positions les plus favorables a l'attaque,
elles occupent la garnison sur plusieurs points, et sur plusieurs points
faibles; elles dirigent leurs travaux contre les barbacanes des portes,
considerant celles-ci comme plus faciles a forcer qu'un front. Aussi quels
soins, quels moyens puissants Louis IX, et plus tard son fils, emploient-
ils pour rendre ces portes inexpugnables et pour commander les saillants
et les points faibles l
Les assiegeants font ouvrir leurs boyaux (le mine dans les maisons
qu'ils occupent autour de la cite 4, afin de derober leur travail aux assie-
1 Non däsignäe dans le rapport de Guillaume des Ormes.
2 (c Item minaverunt ad cornu ciuitatis, versus domum episcopi. n
3 a Venerunt sublus quemdam murum sarracenum, ad murum de liceis. n
La porte de l'enceinte dosWisigoths existe. encore, mais ne donne aujourd'hui que sur
les liccs de saint Louis. Elle est de construction romane et restauräe au Xllle siäcle. C'est
rette porte que Besse nomme la porte des Amandiers ou des Ameliez, ä cause du petit
bois dY-imnndiers qui se trouvait dans son voisinage.
a a Et incepef-unt minare de domibus suis, ita quod nilzil scicbanzm, antequgzn ad
licias noslras venerunt. n A cette äpoquc, en 12110, la citf: de Garcassonne ätait cutouräe
de faubourgs considärables, faubourgs qui furent dämolis aprias le siogc, sur l'ordre de
saint Louis.