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On voit que dans ces attaques de places dont nous venons de donner
une description sommaire, les assicgeants ne tracent pas des lignes
regulieres de contrevallation et de circonvallation; ils se bornent, au
siegc dlautioche, a planter des palissades et a fortifier quelques points.
Au siege de Jerusalem, tous leurs efforts tendent a hater Fachevement
des engins et des beffrois; ils ne font ni tranchees, ni galeries de mine.
Le sol qui entoure la ville sainte ne se prete guere, il est vrai, a ces sortes
de travaux. Cependant les Romains, commandes par Titus, zivaient eleve
vers le nord et l'ouest de longs aggeres, dont on reeonnait encore la
place, et qui peut-etre servirent aux croises.
Au siegc de Tyr, commence le 15 fevrier M211, Yarmee des chretiens
occidentaux fit creuser un fosse de cireonvallation, pour etre a l'abri des
attaques du dehors et pour assurer l'investissement de la place. Elle
attaqua les defenses avec force machines et a l'aide de tours de bois dont
la hauteur depassait celle des remparts. Cependant les assieges posse-
daient des pierrieres superieures a celles des assaillants. a Ceux-cil,
a reconnaissant qu'ils n'avaient parmi eux aucun homme qui füt en
a elat de bien diriger les machines et qui eut une pleine connaissance
u de l'art de lancer des pierres, firent demander a Antioohe un certain
a Armenien, nomme Havedic, homme qui avait une grande reputation
u d'habilete; son adresse a faire jouer les engins et a faire voler dans les
(r airs des blocs de pierre etait telle, a ce qu'on dit, qu'il atteignait et
u brisait, sans aucune difliculle, tous les obstacles qu'on lui designait.
u ll arriva en effet a Yarmec, et aussitot qu'il y fut, on lui assigna sur le
u tresor public un honorable salaire qui put lui donner les moyens de
a vivre avec magnificence selon ses habitudes; puis, il s'appliqua avec
u activite au travail pour lequel on l'avait mande, et deployzi tant de
a talent, que les assieges durent croire bientot qu'une nouvelle guerre
u commencait contre eux, tant ils eurent a souffrir de maux beaucoup
e plus cruels. n
Non-seulement les Occidentaux profiterent ainsi, pendant la premiere
periode de la guerre de Syrie, des connaissances conservees par les
Grecs, mais apporferent une plus grande etude dans l'art de fortifier les
places. Ces villes, telles qu'Antioche, Gesaree, Edesse, Tyr, possedaient
des murailles antiques, augmentees a la fin du Bas-Empire, qui etaient
fort bien entendues; leurs flanquements tries-rapproches, la hauteur des
toursfle bel appareil des remparts, etaient un sujet d'admiration pour
les Occidentaux. Ils ne tarderent pas a imiter et a depasser ces modeles "l.
Pendant cette dure guerre du commencement du xne siecle en Syrie,
les croises, imprudents en campagne, ne possedant pas encore une
tactique qui püt leur permettre (Pacquerir une superiorite bien marquer;
1 Guillaume de Tyr, liv. XHI.
"3 Voyez les plans, dessins et photographies recueil!
nus des croisäs un Syrie pendant le xne sibclc.
is par
Rcy, sur les fortifica-