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mais ces moyens n'ayant produit nul effet, il n'eut raison des assieges
qu'en faisant detourner la Mayenne. Les Francs employaient depuis
longtemps des beliers pour battre et saper les murs des places fortes,
et des chariots couverts de claies et de planches 1.
Les Wisigoths, les plus civilises parmi les barbares, fortifiaient et atta-
quaient les places suivant la methode romaine ou byzantine.
Les armecs occidentales qui envahirent la Syrie a la fin du x12 siecle
n'etaient, a proprement parler, compost-Ses que de chevaliers, de sei-
gneurs, accompagnes des hommes d'armes sous leur banniere, et d'une
foule indisciplinee, sans experience de la guerre, a peine armee, de
femmes, d'enfants, de moines, de marchands, tous gens plus embar-
rassants qu'utiles, qui avaient suivi Pierre FErmite. Les trois quarts de
cette population demigrants plutot que de soldats etaient morts de mi-
sere et de maladie avant la premiere entreprise serieuse des Occidentaux,
qui fut le siege de Nicee.
Ce fut le 15 mai 1096 que la place fut investie par une premiere divi-
sion de Farmee des croises. La ville de Nicee est en partie garantie par
un lac etcndu qui baigne ses murs. Alors, en 1096, Nicec etait entouree
(Yepaisses murailles flanquees de tours rapprochecs. Les croises s'appro-
chcrent de la ville vers le nord, disposeront leurs camps en demi-cercle
par quartiers, car ces premieres armees de croises obeissaient a des
chefs independants les uns des autres, qui tenaient conseil pour toutes
les operations importantes. Uarmee reunie comptait, au dire de Guil-
laume de Tyr, six cent mille fantassins des deux sexes et cent mille
hommes d'armes. Les premieres operations du siege se bornerent a em-
pecher les habitants de sortir des murs ou de recevoir des provisions
ou des renforts : mais le lac qui cernait une partie de la ville etait une
voie ouverte sur les dehors; Farmee des croises n'avait pas de bateaux
pour empecher l'introduction des secours par cette voie, et ne pouvait
songer a garder toute Fetendue des cotes du lac, de sorte que le siege,
grace a la honte des murailles, trainait en longueur. Une tentative fut
faite par Soliman pour disperser Yarmee assiegeante; mais les troupes
asiatiques ayant etc repoussees, les princes francs serrerent les remparts
de plus pres, etablirent des machines de jet, et livrerent plusieurs assauts,
toutefois sans succes. Ils firent dresser, entre autres engins, une galerie
composee de fortes pieces de bois contre le rempart, pour permettre
a vingt hommes de saper sa base. Cette galerie fut disloquee par les pro-
jectiles des assieges et les mineurs ecrases. Fatigues de tant d'efforts inu-
tiles, les princes resolurent d'envoyer 11n nombre considerable d'hommes
au bord de la mer pour demonter des navires, les charger sur des cha-
riots et les conduire a Nicee. Cette operation reussit a souhait, et le lac
fut bientot couvert de batiments de la flotte chretienne pouvant contenir
chacun de cinquante a cent hommes. Ainsi la ville fut-elle reellement
Greg. TÜPOIL, Hist. Franc, lib. VII.