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fer est pur. La lime et nos moyens mecaniflues, avec lesquels on arrive
a couper le fer comme on coupe du bois, ont fait introduire dans la
ferronnerie un systeme d'assemblages qui se rapproche beaucoup trop
de celui de la menuiserie. Gcla produit peut-etre des ouvrages d'une
apparence plus nette, mais la solidite y perd, et notre serrurerie se
disloque facilement ou se brise au droit des assemblages. La question est
toujours une question de forge, et si les assemblages qu'on fait aujour-
d'hui dans la serrurerie sont trop souvent defectueux, c'est qu'on prefere
recourir a la mecanique plutot que de faeonner le fer au marteau et ä.
bras d'homme.
Il serait trop long de donner dans cet article tous les assemblages
adoptes par les Serruriers du Ämoyen age. Nous nous contentons d'en
presenter quelques-nns. Voici (fig. 511) des assemblages a trous reniles.
Les chassis de grille assembles a tenons et goupilles ne presentent aucune
solidite; il est iacile d'ailleurs de faire sortir les tenons de leurs mor-
taises, en faisant sauter la goupille a l'aide d'un poincon. L'exemple A
presente l'angle djune grille de fenetre en saillie sur le nu du mur, ce
qu'on nommait un cabaustl. La barre d'angle passe dans un trou ronfle
pose diagonalemcnt en a, les traverses horizontales b etant forgees d'un
seul morceau avec leurs retours. L'exemple B donne un fragment de
rampe; tous les fers passent les uns dans les autres et ont du etre poses
ainsi. Les barres devtremites c, et celles intermediaires de deux en
deux 0', ont etc faconnees avec le trou renile d, a travers lequel les
tigettes e ont ete passees et rivees. Les barres f ont etc coulees dans la
barre d'appui g; apres quoi, les trous renfles h ont etc faconnes entre
chacune de ces barres f. Alors on a passe les extremites des barres c c'
par les trous lz; ainsi les barres font ete prendre leur place entre les
brindilles e. On a passe les barres c et fpar les trous renlles de la traverse
basse i; on a rive les extremites des barres c, c', sur les rondelles k, rap-
portees sur la barre d'appui; puis, pour terminer, on a pose les bagues,
qui sont simplement enroulees et non soudees. Le retour m, avec son
Leil renfle n, forme poignee a chaque extremite de la rampe, et fait l'office
d'une equerre, en arretant le roulement des barres verticales. Impossible
de desassembler une pareille grille, a moins d'arracher les scellements o
et de couper les rivets. Le figure C. presente encore une grille saillante,
un cabaust. En p, sont les scellements dans le mur. Le mentonnet q,
formant corbeau, est lui-rneme scelle et sert de repos au talon r. Les
assemblages a trous renfles de cette grille sont trop simples pour avoir
besoin d'explications. En D, est une equerre de grille ouvrante, avec sa
fourchette (letaillee en t2. On_ voit encore a Troyes une belle grille sail-
1 D'oü est der-ive le mot cabaret (de cabia). Les boutiques ou l'on vendait le vin en
detail etaient fermecs de grilles saillantes sur la voie publique, de cabausts, cabaret;
Il y a peu dümnees, toutes les boutiques de marchands de vin etaient encore munies de
barreaux, en souvenir de cette tradition.
2 L'exemple A provient d'une grille du chäteau de Tarascon (xvc sibcle). L'exemple B,