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la structure, par des cliainages bien entendus, par des resistanees [ilus
grandes. Inutile de dire que le choix des materiaux entre pour une
grande part dans les travaux de restauration. Beaucoup d'edifices ne
menacent ruine que parla faiblesse ou la qualite mediocre des materiaux
employes. Toute pierre a enlever doit donc etre remplacee par une pierre
d'une qualite superieure. Tout systeme de cramponnage supprime doit
etre remplace par un chainage continu pose a la place occupee par
ces crampons; car on ne saurait modifier les COHdltlOHS düiquilibre d'un
monument qui a six ou sept siecles d'existence, sans courir des risques.
Les constructions, comme les individus, prennent certaines habitudes
d'etre avec lesquelles il faut compter. lls ont (si l'on ose ainsi s'exprimer)
leur temperament, qu'il faut etudier et bien connaitre avant d'entre-
prendre un traitement regulier. La nature des materiziux, la qualite des
mortiers, le sol, le systeme general de la structure par points d'appui
verticaux ou par liaisons horizontales, le poids et le plus ou moins
de concretion des voütes, le plus ou moins däälasticite de la batisse,
constituent des temperaments diiferents. Dans tel edifice oü les points
d'appui verticaux sont fortement roidis par des colonnes en delit, comme
en Bourgogne, par exemple, les constructions se comporteront tout
autrement que dans un edilice de Normandie ou de Picardie, ou toute
la structure est faite en petites assises basses. Les moyens de reprises,
(Vetayement qui reussiront ici, causeront ailleurs des accidents. Si l'on
peut reprendre impunement par parties une pile composee entierement
d'assises basses, ce memc travail, execute derriere des colonnes en delit,
causera des brisures. C'est alors qu'il faut bourrer les joints de mortier
a l'aide de palettes de fer et a coups de marteau, pour eviter toute depres-
sion, si minime qu'elle soit; qu'il faut meme, en certains cas, enlever les
monostyles pendant les reprises des assises, pour les replacer apres que
tout le travail en sous-ceuvre est acheve et a pris le temps de s'asseoir.
Si l'architecte charge de la restauration d'un editice doit connaitre les
formes, les styles appartenant a cet edifice et a Yecole dont il est sorti, il
doit mieux encore, s'il est possible, connaitre sa structure, son anato-
mie, son temperament, car avant tout il faut qu'il le fasse vivre. Il faut
qu'il ait penetre dans toutes les parties de cette structure, comme si
lui-morne l'avait dirigee, et cette connaissance acquise, il doit avoir a sa
disposition plusieurs moyens pour entreprendre un travail de reprise.
Si l'un de ces moyens vient a faillir, un second, un troisieme, doivent
Otre tout prets.
N'oublions pas que les monuments du moyen age ne sont pas construits
comme les monuments de Pantiquite romaine, dont la structure procede
par resistances passives, opposees a des forces actives. Dans les con-
structions du moyen age, tout membre agit. Si la voüte pousse, l'arc-
beutant ou le contre-fort contre-butent. Si un sommier s'ecrase, il ne
suftit pas de Fetayer verticalement, il faut prevenir les poussees diverses
qui agissent sur lui en sens inverse. Si un arc se deforme. il ne suffit