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a des bois vermoulus, on les jette a la ferraille habituellement, lorsqu'on
fait des reparations. Il eüt ete cependant interessant et utile de recueillir
ces objets dans un musee, qui serait tres-riche maintenant et fort instruc-
tif pour nos artisans de ferronnerie. Mais nous n'en sommes pas arrives
a considerer les musees comme des collections d'une utilite reelle pour
notre industrie, ce ne sont encore en France que des amas d'objets des-
tines a satisfaire la curiosite des amateurs ou des archeologues, ou encore
des lieux d'etude pour les artistes, peintres et statuaires. L'art ne vit
cependant chez un peuple que quand il a penetre partout, quand on le
trouve aussi bien sur la cheminee d'un grand seigneur que sur 1a table
de cuisine de l'ouvrier, sur le marteau de la porte d'un palais que sur la
targette de l'humble croisee du petit bourgeois, sur la poignee de Fepee
du general que sur la plaque de ceinturon du soldat. Si vulgaires que
soient les objets de serrurerie du moyen age, l'art approprie a la matiere
y trouve sa place; l'art etait un besoin pour tous, non une affaire de
luxe reservee pour quelques privilegies. Ce qu'on ne trouvait point alors,
c'est l'art de pacotille, l'apparence du luxe donnee a un objet de peu de
valeur.
Nous avons montre un certain nombre d'exemples de fermetures de
vantaux de portes. Les exemples de fermetures de eroisees sont beaucoup
plus rares; cette menuiserie, plus legere que celle des vantaux, plus
Oxposee aux intemperies, a ete detruite plus rapidement. Il nous faudra
fouiller dans les vieilles ferrailles pour trouver quelques restes de ferme-
tures de croisees. Ijinterct qui nous a toujours paru s'attacher a lian-
Cienne fabrication du fer, alors meme qu'on vendait partout les plus
belles ferronneries forgees, pour leur substituer des fontes d'un si triste
g0üt, nous a pousse, il y a deja longtemps, a recueillir bon nombre de
dessins de ces vieilles ferrures si fort meprisees, ferrures qui ont disparu
SOus la main de la plupart des restaurateurs de chateaux depuis trente ans.
(Test ainsi qu'au chateau de Chastellux, pres de Garre-1es-Tombes(Yonne),
On voyait encore en 1839 des chassis de croisees du XIVc siecle armes de.
leurs grands verrous. Il est vrai que ces ferrures etaient hors de service,
les chassis etant completement pourris et doubles par des volets fixes,
mais les pieces de leur mecanisme tres-simple etaient toutes conservees.
Ces verrous..., plutot ces cremones (fig. 35) consistaient en une tige de fer
lnäplat de 0'202 (neuf lignes) sur 02011 (cinq lignes). A cette tige etait
adaptee une poignee a (voyez l'ensemble A). En bb, la tige formait des
boucles dans lesquelles passaient les queues en volutes de deux loque-
teaux. En haussant la tige, on faisait eehapper les loqueteaux de leurs
mentonnets; en la baissant au moyen de la poignee a, on faisait rentrer
ces loqueteaux dans leurs mentonnets : alors le pied de la tige, formant,
Verrou, entrait dans une gache inferieure d. Des embrasses e retenues
par deux pattes, et des embrasses f retenues par une seule, maintenaient
la tige et dirigeaient son mouvement. Des details vont faire saisir 1e systeme
adopte dans la faeon de cette cremone. En B, est la section du montant