SERRURERIE
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permet de faire echappcr le pele a de la gaehette b que nous avons
figuree au-dessous de sa place pour faire voir fextremite du lleau. La
bosse de la serrure etant posee en dedans de la piece, il y a en dehors
une bascule B (B' en profil), qui permet de relever la queue du fleau
lorsque le tour de clef ne l'a pas rendu immobile dans sa gachette. En D,
est tracee la platine sur laquelle est montee la bascule B. Comme dans
les exemples precedents, les ornements qui garnissent la bosse reqoivent
les rivures des pieces interieures et leur donnent plus de force que si
elles etaient faites simplement sur le fond de la boite. Les bords de
celle-ci sont encore garnis de filets saillants denteles au burin qui lui
donnent une grande resistance.
Ces ouvrages de serrurerie ne sortent pas de l'ordinaire, et nous les
choisissons expres parmi les exemples de fabrication commune. Nos
rnusees renferment encore bon nombre de serrures du XVe sieclc qui
sont d'une richesse de composition et d'une perfection d'execution bien
superieures a ces derniers exemples. Mais nous ne devons envisager l'art
de la serrurerie qu'au point de vue de son application a l'architecture,
et, par consequent, ne pas cherchera reproduire des muvres exception-
nelles reservees pour des meubles de luxe. Il s'agit de faire ressortir les
procedes de fabrication employes par les serruriers pendant le moyen
age, et de faire saisir les formes qu'ils avaient su donner a la matiere
employee.
C'est peut-etre dans les ouvrages de serrurerie qu'on trouve l'expres-
sion la plus nette de l'esprit logique des artistes et artisans du moyen age.
Le fer n'est point une matiere qui se prete facilement aux a peu pres.
Dans l'art du serrurier, chaque partie doit avoir sa fonction, posseder le
degre de force necessaire, sans exees, car le travail de ce metal est cher
et penible, surtout si l'ouvrier ne possede aucun des engins puissants
qui sont aujourd'hui a notre disposition, et qui trop souvent viennent
suppleer aux defauts de conception du maitre ou a la maladresse du for-
geron. Quand le serrurier n'avait ni la lime, ni les machines a raboter,
ni les cylindres, ni meme la vis, et qu'il lui fallait assembler des pieces
offrant une tres-faible prise, son esprit etait naturellement porte a singe-
nier, a chercher des procedes compatibles avec la matiere et la facon de
Yemployer. Nous ne pretendons pas dire qu'il faille repousser les moyens
mecaniques que fournit l'industrie moderne, mais il est facheux souvent
que Yetendue et la puissance de ces ressources rendent l'esprit du con-
structeur paresseux, s'il s'agit de combiner des ouvrages de serrurerie en
raison de la matiere et des principes de structure que sa nature impose
forcement.
Les habitudes introduites dans l'architecture, depuis le Xvn." siecle,
par le faux goüt classique, nous ont appris, avant toute chose, a mentir.
Simuler la pierre ou le bois avec le platre, le fer forge avec la fonte, la
charpente de bois en employant la ferronnerie; dissimuler les necessites
de la structure; torturer toute matiere pour lui donner une apparence