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eoüteuse experience et en revenir au programme pose parla Commission
des monuments historiques en fait de restauration.
ll est temps d'expliquer ce programme, suivi aujourd'hui en Angleterre
et en Allemagne, qui nous avaient devances dans la voie des etudes
theoriques des arts anciens, accepte en ltalie et en Espagne, qui pre-
tendent a leur tour introduire la critique dans la conservation de leurs
vieux monuments.
Ce programme admet tout d'abord en principe que chaque edifice ou
chaque partie d'un edifice doivent etre restaures dans 1e style qui leur
appartient, non-seulement comme apparence, mais comme structure. Il
est peu d'editices qui, pendant le moyen äge surtout, aient ete batis
d'un seul jet, ou, s'ils l'ont ete, qui n'aient subi des modifications
notables, soit par des adjonctions, des transformations ou des change-
ments partiels. ll est donc essentiel, avant tout travail de reparation,
de constater exactement Page et le caractere de chaque partie, d'en
composer une sorte de proees-verbal appuye sur des documents certains,
soit par des notes ecrites, soit par des releves graphiques. De plus, en
France, charme province Iaossede un style qui lui appartient, une ecole
dont il faut connaitre les principes et les moyens pratiques. Des ren-
seignements pris sur un monument de Flle-de-Frzince ne peuvent donc
servir a restaurer un edilice de Champagne ou de Bourgogne. Ces diffe-
rences d'eeoles subsistent assez tard; elles sont marquees suivant une
loi qui n'est pas regulierement suivie. Ainsi, par exemple, si l'art du
xiv" siecle de la Nermandie sequanaise se rapproche beaucoup de celui
de Flle-tle-Frzmce a la meme epoque, la renaissance normande (liffere
essentiellement de la renaissance de Paris et de ses environs. Dans quel-
ques provinces rneridioxiziles, l'architecture dite gothique ne fut jamais
qu'une importation; donc un edifice gothique de Clermont, par exemple,
peut etre sorti d'une ecole, et, a la meme epoque, un edilice de Carcas-
sonne d'une autre. L'architecte charge d'une restauration doit donc
eonnaitre exactement, non-seulement les types afferents a chaque pe-
riode de l'art, mais aussi les styles appartenant a chaque ecole. (Je n'est
pas seulement pendant le moyen age que ces differences s'observent; le
meme phenomene apparait dans les monuments de Fantiquite grecque
et romaine. Les monuments romains de Yepoque antonine qui couvrent
le midi de la France diiferent sur bien des points des monuments de
Reine de la meme epoque. Le romain (les cotes orientales de I'Adriatique
ne peut etre confondu avec le romain de l'Italie centrale, de la Province
ou de la Syrie.
Mais pour nous en tenir ici au moyen age, les difficultes s'accumulent
en presence de la restauration. Souvent des monuments ou des parties
de monuments d'une certaine epoque et d'une certaine ecole ont etc
repares a diverses reprises, et cela par des artistes qui n'appartenaient
pas a la province ou se trouve bati cet ediiice. De la des embarras consi-
derables. S'il s'agit de restaurer et les parties primitives et les parties