21 [ RESTAURATION ]
a nous avaient donne l'exemple par des essais specialement appliques
a aux edifices de ces deux pays. Leurs travaux n'eurent pas plutot
u penetre en France, et particulierement en Normandie, qu'ils exciterent
a une vive emulation. En Alsace, en Lorraine, en Languedoc, en Poitou,
a dans toutes nos provinces, l'amour de ces sortes d'etudes se propagea
a rapidement, et maintenant partout on travaille, partout on cherche,
a on prepare, on amasse des materiaux. La mode, qui se glisse et se
a mele aux choses nouvelles, pour les galtcr bien souvent, n'a malheu-
a reusement pas respecte cette science naissante et en a peut-etrc un
a peu compromis les progres. Les gens du monde sont laresses de jouir;
a ils ont demande des methodes expeditives pour apprendre a donner
u sa date a chaque monument q11'ils voyaient. D'un autre cote, quel-
u ques hommes d'etude, emportes par trop de zele, sont tombes dans
(c un dogmatisme depourvu de preuves et hcrisse (l'essor-Lions tran-
a chantes, moyen de rendre incredules ceux qu'on pretend convertir.
a Mais, malgre ces obstacles, inherents a toute tentative nouvelle, les
a vrais travailleurs continuent leur oeuvre avec patience et moderation.
u Les verites fondamentales sont acquises; la science existe, il ne s'agit
u plus que de la consolider et de Petendre, en degageaut quelques
(c notions encore embarrassees, en achevant quelques dcmonstrations
a incompletes. Il reste beaucoup a faire; mais les resultats obtenus sont
u tels qu'a coup sur le but doit etre un jour definitivement atteint. n
Il nous faudrait citer la plus grande partie de ce texte pour montrer
("OmblCfl son auteur s'etait avance dans Fctude et Yappreciation de ces
arts du moyen fige, et comme la lumiere se faisait au sein des tenebres
repandues autour d'eux. u C'est n, dit M. Vitet apres avoir montre
clairement que l'architecture de ces temps est un art complet, ayant
ses lois nouvelles et sa raison, a faute d'avoir ouvert les yeux, qu'on
u traite toutes ces vcrites de chimeres et qu'on se renferme dans une
u incredulite (ledaigneuse 1 n.
Alors M. Vitet avait abandonne l'inspection gcnerale des monuments
historiques; ces fonctions, depuis 4835, avaient etc confiees a l'un des
esprits les plus distingues de notre epoque, a M. Merimee.
C'est sous ces deux parrains que se forma un premier noyau d'artistes,
jeunes, desireux de penetrer dans la connaissance intime de ces arts
oublies; c'est sous leur inspiration sage, toujours soumise a une critique
severe, que des restaurations furent entreprises, d'abord avec une grande
reserve, puis bientot avec plus de hardiesse et d'une maniere plus eten-
due. De 1835 a 18118, M. Vitet presida la Commission des monuments
historiques, et pendant cette periode un grand nombre d'edilices de
Pantiquitc romaine et du moyen age, en France, furent etudies, mais
aussi preserves de la ruine. Il faut dire que le programme d'une reg-
tauration etait alors chose toute nouvelle. En effet, sans parler (les
Page 115.