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au rouge blanc, sans pour cela devenir cassant. Mais ces qualites du
fer corroye a bras d'homme reconnues, il n'en faut pas moins signaler
l'adresse rare avec laquelle les forgerons du moyen age savaient souder
les pieces compliquees qui demandaient un grand nombre de passages
au feu, sans les brüler. Ils employaient d'ailleurs le charbon de bois,
soit pour obtenir la fonte, soit pour convertir les gueuses en lopins et en
fer battu: le charbon de bois laisse au fer des qualites de souplesse et de
duetilite que lui retire en partie la houille. Il en est de la fabrication du
fer appliquee aux travaux d'art comme de beaucoup d'autres; ce que
l'on gagne du cote de l'industrie, de la rapidite, de la puissance et de
Feconomie des moyens, on le perd du cote de l'art. En perfectionnant
les procedcs mecaniques, l'homme neglige peu a peu cet outil superieur
a "tout autre qu'on appelle la main. Cependant on eprouvait des (lifti-
cultes iusurmontables lorsqu'il s'agissait de faoonner de grandes pieces
de forge a l'aide des bras, et la grande serrurerie de batiment ne com-
mence a naitre qu'au moment ou les puissances de la mecanique purent
etre serieusement employees. Ainsi, ne mettait-on en muvre dans les
edifices, soit pour des chainages, soit pour des armatures, que des pieees
de forge dont le poids n'excedait pas 200 kilogrammes, dont la plus
grande longueur ne depassait pas L1 metres, et encore les pieces de
cette force sont-elles fort rares avant le XVIII" siecle. Nous avons fait voir
ailleurs comment les chainages etaient combines pendant les X118, X111",
xrve et XVe siecles (voyez CHAINAGE) dans les grandes constructions. Ils
consistaient en une suite de crampons agrafes les uns aux autres ou
scelles dans la pierre. Pour les charpentes de fer, il n'en ctait pas question,
bien entendu; et meme dans les charpentes de bois, le fer n'etait pas
employe (voyez CHARPENTE). A dater du X1112 siecle, le fer, cependant,
remplit un role tres-important dans les constructions comme tirants,
crampons, armatures de baies, mais toujours en petites parties. Les
noeuds, les rentlements des crampons, des traits de Jupiter, les eeils et
leurs goujons souvent repetes, formaient, dans les maqonncries, des
poches de fer volumineuses qui, en s'oxydant, faisaient cclater les pierres
et causaient de graves desordres. On tentait bien (feviter le danger de
l'oxydation par des scellements en plomb, mais ce moyen etait insufli-
sant, et bon nombre de monuments doivent en partie leur etat de ruine
a ces masses de fer enfermees entre les assises et cramponnees dans leurs
lits. La grande serrurerie restait, par l'insuffisance des moyens mecani-
ques, a Fetat barbare, tandis que la serrurerie fine s'elevait au contraire
a la hauteur d'un art tres-parfait dans sa forme et dans ses mgygns
dexeeution. Dans un meme editiee dont la grosse serrurerie accuse les
procedes de fabrication les plus naifs, vous trouvez, comme a Notre-Dame
de Paris, des pentures de portes dont la merveilleuse execution est un
sujet d'etonnement pour les gens du metier. Pour ces forgerons des
x11" et X1110 siecles, le fer semblait etre une matiere molle et facile asouder
comme l'est la cire ou le plomb, et c'est a grancVpeine si quelques tres-