SCULPTURE
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posterieure de quelques annees Z1 l'an 1200. Rien de pareil a Paris; le
statuaire recherche l'etude de la nature des l 200, ne veut plus avoir affaire
aux traditions romanes ou byzantines. Un fait indique combien l'ecole
nouvelle reagissait contre ces traditions. En faisant des fouilles devant la
porte principale de Notre-Dame de Paris, on a trouve une certaine quan-
tite' de fragments d'un bas-relief central representant le Christ glorieux
au jour du jugement, comme celui qu'on voit aujourd'hui : mais cette
sculpture est empreinte du style archaique du xue siecle; d'ailleurs la
pierre en est toute fraiche, sans aucune alteration produite par le temps.
Ce bas-relief avait etc supprime peu apres avoir etc acheve, pour etre
remplace par le sujet actuel, du a des artistes de la nouvelle ecole. Et
en effet, lorsque l'on considere cette sculpture, eomposee de cinq figures,
le Christ, deux anges, la Vierge et saint Jean, on remarque dans le faire
de ces statues colossales des differences notables. Le Christ et un des
anges, celui qui porte les clous, appartiennent deja a Tecole penchant
vers le naturalisme, tandis que la Vierge, le saint Jean et l'ange qui
porte la croix sont encore des sculptures archaicjues; cependant il etait
impossible matcriellement d'introduire les deux premieres statues au
milieu des trois autres. Elles ont du etre posees ensemble.
De toutes les provinces, la Champagne marche bien vite dans la voie
nouvelle, et la statuaire du portail de Notre-Dame de Reims en est la
preuve. Le naturalisme a deja fortement penetre cette statuaire qui date
de 12110 environ. Cependant, a propos de ce portail, il faut signaler
des indecisions qu'on ne trouve point dans Fecole de Flle-de-France.
Quelques iigures colossales, notamment celles qui, a la porte de droite,
representent la Visitation, sont inspirees comme composition et execu-
tion des Liraperies, de la statuaire romaine, dont il existait d'ailleurs
Reims de nombreux debris. On ne trouve pas dans ce portail cette unite
de style qui, sauf l'exception que nous venons de signaler a Notre-Dame
de Paris, frappe dans la statuaire de Ylle-dc-France. Une autre ecole,
celle de Bourgogne, si belle deja au commencement du xuc siccle,
conserve sa liberte (l'allure pendant le xiue siecle, qu'il s'agisse de la
statuaire ou de la sculpture d'ornement. La puissance, Yenergie, un
faire hardi, vivant, sont les caracteres de cette eeole. Il ne faut pas lui
demander, au moment de Femancipation des ecoles laiques, la finesse,
le contenu, la distinction, qui forment les qualites de l'ecole de l'Ile-de-
France. Elle cherche les grands effets, et elle les obtient. La sculpture
bourguignonne participe peut-etre plus qu'aucune autre de l'archi-
tecture; on peut se rendre compte de cette qualite en voyant les com-
positions des pignons des eglises de Vezelay et de Saint-Pere l. Cette
sculpture est, dans tous les monuments de cette province, grande
däächelle, relativement a l'architecture, commande parfois les dispositions
de celle-ci au lieu de s'y soumettre. Elle est d'ailleurs taillee avec une
Voyez PIGNON, Hg. 8 et 9.